Après Mémoires d'un jeune combattant de l'ALN et Le Rescapé de la ligne Morice, Bellahsène Bali, ce fidaï de la première heure dans la ville de Tlemcen, nous revient cette fois avec une publication intitulée Le Colonel Lotfi dans laquelle il rend hommage à ce grand homme de la révolution algérienne. A vrai dire, il le ressuscite. Si dans ses deux premiers livres, Bali livre ses mémoires et ses témoignages à l'histoire, dans ce dernier à travers des récits, des photos inédites et aussi des écrits du colonel Lotfi, il dévoile à l'histoire algérienne des vérités qui ont été enfin « désarchivées ». Le docteur Amin Zaoui, directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algérie où a été édité ce livre, écrira en prélude : « L'histoire de notre pays ne peut que s'étoffer par de tels témoignages, et son écriture ne doit pas rester un vain mot au gré des fastes des cérémonies de commémoration de dates ». La vie du colonel Lotfi est rapportée dans tous ses détails depuis sa naissance. Sa jeunesse, ses études, son réveil révolutionnaire, son maquis, ses batailles, son sens du commandement, ses relations avec ceux qui dirigeront par la suite l'Algérie indépendante, sa mort programmée par un certain Kada Belagraâ qui n'était autre qu'un ex-combattant de l'ALN, tout est raconté et tout défile devant nous tel un film documentaire. Bravo pour son auteur. Ce qui rend aussi l'œuvre plus mordante c'est la reproduction in extenso d'une lettre prémonitoire du colonel Lotfi à son beau-frère Akbi dit Amar. On saura que dans le maquis, l'ennemi n'était pas toujours en face. « Je ne te cacherai pas que depuis environ un an nous sommes entrés dans la véritable phase révolutionnaire de notre lutte. C'est un véritable déchaînement de toutes les passions bonnes et mauvaises ». Enfin, un extrait d'une étude socioéconomique du colonel Lotfi de 199 pages figure dans cet ouvrage. Le génie visionnaire de Lotfi apparaît au grand jour. Futuriste, il l'était, il devançait son temps. L'Algérie a perdu le 27 mars 1960 un grand homme. Merci encore une foi à Bali de nous l'avoir rappelé.