La question a été évoquée très sérieusement lors d'une récente conférence de la Royal Society à Londres. En 2008, la Nasa a diffusé dans l'espace la chanson des Beatles Across the Universe à l'intention d'éventuels extraterrestres. Une initiative alors saluée par Paul McCartney. Mais des experts s'inquiètent de la profusion de messages filant vers le cosmos. Est-il sage de signaler notre présence à d'éventuels voisins hostiles ? De quel droit certains peuvent-ils prétendre représenter notre monde face à la galaxie ? Autant de questions évoquées lors d'une récente conférence à Londres. Beaucoup de messages sont « responsables, mais je m'interroge sur certains autres trucs qui sont transmis », a déclaré Albert Harrison, professeur de psychologie sociale à l'Université de Californie. Il énumère « des photos de célébrités, de deux candidats politiques — l'un identifié comme bon, l'autre comme mauvais —, des publicités alimentaires, des lettres d'amour de rock stars ». Et d'ajouter : « Lorsqu'on commence à émettre et à attirer l'attention sur nous, il faut faire très attention à l'image qu'on donne. Nous pouvons apparaître comme une menace pour eux. Nous ne savons pas ce qu'il adviendra de ces messages », souligne-t-il. D'autant plus qu'ils peuvent mettre des centaines d'années à atteindre leur cible. La chanson des Beatles n'arrivera qu'en 2439 à d'éventuels destinataires à proximité de l'étoile polaire. La soif de contact avec des civilisations extraterrestres a une longue histoire. Le sondes américaines Pioneer 10 and 11, lancées en 1972 et 1973, ont emporté des plaques représentant un homme et une femme nus et des symboles expliquant la position de la Terre et du Soleil. Voyager 1 et 2, lancés en 1977, maintenant arrivés aux confins du système solaire, transportent un disque en cuivre plaqué or où sont gravés des chants et images de la Terre. Mais Voyager 1 mettra encore 40 000 ans avant d'arriver près d'une étoile. Personne ne sait si des êtres intelligents seront là pour s'emparer de la capsule, ni si notre espèce aura survécu pour recevoir une réponse. D'où l'idée de communiquer par les ondes qui voyagent à la vitesse de la lumière : 300 000 km/s. Depuis un demi-siècle, nos émissions télévisées filent déjà vers l'espace, l'atmosphère terrestre ne pouvant les arrêter. Mais de puissants émetteurs de radioastronomie sont utilisés par des agences spatiales ou d'autres institutions pour transmettre volontairement d'autres messages. Faute de preuve de l'existence d'extraterrestres, ces tentatives de communication risquent d'être une perte de temps, selon l'astrophysicien européen Malcolm Fridlund qui invite néanmoins à faire attention. « Je ne reste pas éveillé la nuit en m'inquiétant de l'existence de seigneurs de la galaxie », a-t-il confié. « Mais quand on ne sait rien de ce qu'il y a là-bas, on devrait être un peu plus prudent. »