Le taux de la main-d'œuvre étrangère en Algérie est inférieur à 0,5% de la population occupée, révèle Saïd Annane, directeur général de l'emploi au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. M. Annane, qui intervenait sur les ondes de la radio nationale, a minimisé la présence des travailleurs étrangers sur le territoire national. « La main-d'œuvre étrangère est très marginale. Avec les dépenses engagées et les mégaprojets lancés par les pouvoirs publics, les travailleurs algériens sont présents massivement », a-t-il déclaré, sans trop fournir de détails exhaustifs. Ces dernières années, l'Algérie a davantage eu recours à la main-d'œuvre étrangère pour pallier « l'inexpérience » de la main-d'œuvre nationale. Environ 45 000 étrangers travaillent « légalement » en Algérie contre seulement 543 en 1999, ils représentent 105 nationalités, selon des chiffres officiels. Les travailleurs chinois viennent en tête avec 45% des effectifs. Selon les chiffres de l'ambassade de Chine à Alger, 30 000 Chinois sont présents en Algérie, exerçant dans divers domaines d'activité. Beaucoup de ces travailleurs ont accompagné leurs entreprises installées sur le territoire algérien. Il s'agit de sociétés de travaux publics engagées dans des chantiers de construction. Ainsi, le pays compte une vingtaine de groupes chinois de BTP, dont le géant public China State Construction & Engineering Corporation (CSCEC). En seconde position, viennent les Egyptiens (11%), puis les Italiens (3,5%), les Philippins, les Américains, les Français et les Canadiens avec près de 3% pour chacun de ces groupes. Par secteurs d'activité, la répartition montre que 51% de la main-d'œuvre étrangère ont investi le BTPH, 41,2% l'industrie, particulièrement les hydrocarbures, 3,6% le secteur des services et 0,2% l'agriculture. S'agissant des qualifications, il ressort que 23% des travailleurs étrangers sont des cadres supérieurs. Pour ce qui est de la répartition géographique, la main-d'œuvre étrangère a élu domicile à hauteur de 67% dans les villes d'Alger, Ouargla, Oran et Adrar. Ceci, alors que 15% des effectifs sont répartis sur les wilayas d'Illizi, Skikda, Boumerdès et Mila. Le reste étant reparti dans de nombreuses autres wilayas. Toutefois, aucune statistique n'est disponible actuellement concernant les travailleurs étrangers clandestins, un phénomène qui connaît également un véritable essor. Originaires de l'Afrique subsaharienne, ces étrangers travaillent essentiellement dans le secteur informel, notamment dans les chantiers de construction. Si l'Algérie figure parmi les destinations les plus recherchées en raison des opportunités d'embauche qu'elle offre à la main-d'œuvre étrangère qualifiée, certaines voix se sont élevées pour critiquer cette « importation » massive au détriment de la main-d'œuvre locale. Aussi, il est reproché à certaines sociétés étrangères installées en Algérie d'enfreindre, entre autres, la législation régissant le recrutement de la main-d'œuvre, celle du travail et surtout de s'adonner au transfert illégal de la devise. Dans une première réaction, le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a annoncé qu'il compte réorganiser l'activité des étrangers en Algérie. La problématique sera prise à travers le cadre du nouveau code du travail, en cours d'ébauche. « Un nouvel article relatif à l'organisation de la main-d'œuvre étrangère en Algérie sera introduit dans ce texte. Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes permettant de maîtriser, de contrôler et de gérer cette main-d'œuvre », a révélé M. Louh, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale.