«Aux environs de 3h00 (locales et GMT), une tentative d'incursion n'ayant fait aucune victime a eu lieu au niveau du magasin d'armement de Yimdi», à vingt km à l'ouest de Ouagadougou, a déclaré l'armée burkinabè dans un communiqué. «Les auteurs de cette tentative ont été identifiés comme des éléments récalcitrants de l'ex-RSP». Et de rassurer : «Le site est sous contrôle des Forces armées nationales et le dispositif de surveillance a été renforcé». Cette attaque survient alors que Ouagadougou a été la cible, vendredi dernier, d'une attaque djihadiste qui a fait 30 morts et que les forces de sécurité sont prioritairement mobilisées contre cette menace. Un état dans l'état Fort de quelque 1300 hommes, le RSP, unité d'élite de l'armée burkinabè, était la garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé par la rue fin octobre 2014 après 27 ans au pouvoir. Il est dissous pour avoir mené le 17 septembre dernier, sous la direction du général Gilbert Diendéré un coup d'Etat contre le gouvernement de transition mis en place après la chute de Compaoré. Le putsch est mis en échec en moins d'une semaine suite à une mobilisation de la population soutenue par une partie de l'armée loyaliste. Une soixantaine de personnes ont été écrouées, dont une vingtaine d'officiers du RSP et le général Diendéré, poursuivi pour «crimes contre l'humanité». Fin décembre, au moins 38 soldats de l'ex-RSP et deux civils ont été écroués pour leur implication présumée dans un projet de libération du général Diendéré. Ils ont été arrêtés au cours d'une réunion alors qu'ils planifiaient d'attaquer des casernes et profiter du chaos ainsi créé pour libérer les putschistes et les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, ex-chef de la diplomatie de Compaoré, également interpellé pour complicité. La chute de Blaise Compaoré, en octobre 2014, et les conséquences du putsch raté de septembre ont considérablement affaibli l'armée et l'appareil sécuritaire choyés sous Compaoré issu des rangs de l'armée, selon des sources concordantes proches du dossier. Le général Diendéré, ancien bras droit de Compaoré, gérait tout le renseignement et les médiations avec les groupes djihadistes, alors que le RSP était le plus souvent appelé en cas de crise. Elu le 29 novembre dernier, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a formé, le 13 janvier, un gouvernement de trente ministres et dans lequel il assume les fonctions de ministre de la Défense. La réforme de l'armée est une des préoccupations majeures du nouveau Président dans un pays où l'armée joue un rôle politique écrasant, dont l'histoire est constellée de coups d'Etat et de tentatives de pronunciamientos. Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat qui a coûté la vie à son prédécesseur, le capitaine Thomas Sankara.