Le Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a déclaré mardi que «ceux qui ont planifié et exécuté le coup d'Etat du 16 septembre répondront de leurs actes devant la justice». Le gouvernement de transition au Burkina Faso est finalement arrivé à couper les principales têtes du système Compaoré. Le général Gilbert Diendéré, auteur du putsch avorté du 16 septembre dernier au Burkina Faso, et l'ancien ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé ont été inculpés mardi soir d'«attentat à la sûreté de l'Etat». En tout, onze chefs d'inculpation dont celui d'«attentat à la sûreté de l'Etat», «collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure», «meurtre», «coups et blessures volontaires», «destruction volontaire de biens» ont été retenus contre les deux hommes par la justice burkinabé. Tous deux ont été placés sous mandat de dépôt. Dix personnes ont été tuées pendant le coup d'Etat, selon le bilan officiel donné par le gouvernement. Le général Diendéré, ancien bras droit de Blaise Compaoré, s'était rendu de lui-même à la justice le 1er octobre, après s'être réfugié pendant deux jours chez le nonce apostolique à Ouagadougou. Chef des putschistes, il avait à plusieurs reprises promis de se mettre à la disposition de la justice. M. Bassolé, figure de proue du régime Compaoré dont il a dirigé la diplomatie, qui a été arrêté le 29 septembre, nie en revanche toute implication dans le putsch, comme l'avait signalé mercredi dernier son avocat parisien Me Alexandre Varaut. Le Conseil constitutionnel avait rejeté début septembre sa candidature à la présidentielle, en application d'une loi électorale très controversée, votée en avril, rendant «inéligibles» tous ceux qui ont soutenu un «changement inconstitutionnel» (référence au projet de loi de révision de la Constitution qui devait permettre à Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir, projet qui avait finalement été fatal au régime). Blaise Compaoré avait été chassé par la rue au mois de septembre 2014. Deux hommes politiques, Léonce Koné, deuxième vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré, et Hermann Yaméogo, président de l'Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), ont été également interpellés lundi soir. Un peu plus tôt dans la journée, une cérémonie symbolique de «désarmement» du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avait marqué la fin de l'unité putschiste, ancienne garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré. Au cours de cette cérémonie, qui a eu lieu sur l'emblématique place de la Nation, surnommée place de la Révolution par les Burkinabé, le Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a déclaré : «Ceux qui ont planifié et exécuté ce coup d'Etat répondront de leurs actes devant la justice.» Même si sa durée a été relativement courte, le putsch mené par le général Diendéré et les hommes du RSP a tout de même perturbé le programme électoral mis en place par les autorités de la transition pour doter le Burkina Faso d'institutions élues. Les élections présidentielle et législatives initialement prévues pour le 11 octobre et qui doivent refermer la période de transition ont été repoussées de «plusieurs semaines». Selon des sources proches du gouvernement, celles-ci pourraient avoir lieu au mois de novembre prochain.