Louisa Hanoune semble n'avoir plus rien à cacher depuis que des attaques ciblent le Parti des travailleurs (PT). Elle a décidé de tout mettre sur la table lors d'une conférence de presse qu'elle a animée hier à Alger. La secrétaire générale du PT interpelle de hauts responsables de l'Etat — Athmane Tartag, le nouveau chef des Services de renseignement, et Abdelmalek Boudiaf, le ministre de la Santé, ainsi que le patron du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad — qu'elle somme d'intervenir pour démentir ce que raconte le député dissident Salim Labatcha qui ne cesse de dire qu'il bénéficie de leur soutien et de leur complicité dans sa tentative de monter un mouvement de redressement contre la direction du PT. Selon Louisa Hanoune, l'ex-député du PT, qu'elle qualifie de «mercenaire à la solde d'un cercle mafieux et d'un pouvoir parallèle qui veulent accaparer les leviers les institutions de l'Etat», colporte des «allégations très graves». «Si les responsables qu'il cite ne réagissent pas pour mettre fin aux rumeurs auxquelles nous ne croyons pas d'ailleurs, souligne la responsable du PT, on a le droit de douter que le processus de mafiotisation des institutions de l'Etat est arrivé à son terme.» «Je n'accuse personne, mais que chacun prenne ses responsabilités», prévient Mme Hanoune qui rapporte que Labatcha, l'ex-parlementaire du PT, cite aussi l'entourage du Président sans donner plus de détails. S'agit-il de Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller du chef de l'Etat ? L'oratrice ignore l'identité des personnes en question. Ce dont elle est sûre, en revanche, c'est que «les attaques qui visent son parti ne sont qu'une étape d'un processus qui veut la destruction de l'Etat pour que l'Algérie devienne comme le Mali sous le protectorat français». Très remontée par les attaques dont elle est la cible, Mme Hanoune tire à boulets rouges sur tous ceux qui sponsorisent «le député mercenaire». Elle cite le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), le vice-président de l'Assemblée populaire nationale (APN) Baha Eddine Tliba, un membre du secrétariat national de l'UGTA, le ministre de l'Industrie Abdessalem Bouchouareb et un autre ministre dont elle ne veut pas encore divulguer le nom. «Ces gens-là ont échoué. Leurs pratiques, affirme-t-elle, n'ont fait que renforcer les rangs du Parti des travailleurs, qui n'a jamais connu autant de sympathie, d'adhésion et de solidarité entre ses membres et ses militants.» «Tous les militants ont refusé de marcher dans la combine du député mercenaire et ceux qui l'ont actionné en établissant une fausse liste de 39 signataires», soutient Mme Hanoune. «Nadia Yafsah Boudarène (présente hier à la conférence de presse, ndlr) et une militante de Skikda ont été étonnées et surprises de découvrir leurs noms sur la fausse liste des contestataires», indique-t-elle. Et d'ajouter que les comploteurs ont ramené d'anciens militants qui ont été exclus du PT : «Un de Mostaganem parce qu'il ne cadrait pas avec la ligne du PT et avait traité les habitants de cette wilaya d'arriérés ; un autre pour une affaire de corruption.» Des militants et des élus d'autres formations politiques ont également été cités pour intoxiquer l'opinion publique. «Le PT ne pliera pas», a asséné Mme Hanoune, qui a annoncé hier le soutien officiel du parti à la moudjahida Zohra Drif et au moudjahid Yacef Saâdi, cibles «d'attaques criminelles». «C'est une opération criminelle qui ne peut être menée que par des traîtres et des harkis», a déclaré la secrétaire générale du PT. «Ce qui est visé, c'est la Révolution et le moral des Algériens», explique Mme Hanoune, qui se demande «si le président Bouteflika, lui-même moudjahid, était au courant de ces attaques». «Le sait-il ? Ce n'est pas normal que des icônes de la Guerre de Libération fassent l'objet de telles attaques sans qu'il réagisse», doute la conférencière. Ce qui scandalise encore plus Mme Hanoune, c'est le silence de toutes les institutions de l'Etat ; elle compare le média derrière ces attaques de «cinquième bureau à l'époque coloniale». «Ce sont des harkis et des fils de harkis», peste la secrétaire générale du PT, qui explique «les attaques du cercle mafieux et du pouvoir parallèle» par le fait qu'elle ait «intégré la démarche des 19». «Le crime que j'ai commis est d'avoir signé la lettre de demande d'audience au Président et de chercher à trouver une issue à l'impasse qui tue le pays», a indiqué Mme Hanoune, qui s'interroge aussi sur «l'Etat civil», dont certains parlent, doutant de l'objectif des enquêtes sécuritaires dont font l'objet des militants du PT dans certaines wilayas.