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L'Algérie d'hier, d'aujourd'hui et de demain
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2016

J'avais déjà parlé, dans un écrit dans le journal El Watan, des turbulences estivales du temps de Liamine Zéroual ; les critiques affluaient de toutes parts visant ses proches collaborateurs de la part d'un terrible écrivain, aujourd'hui, je suis tenté de reprendre ce titre en changeant estivales par automnales et se poser un ensemble de questions sur la scène politique de mon pays.
Je ne suis le défenseur ni du roi ni du prince, mais simplement j'essaie de mettre chacun devant ses responsabilités face à ce discours alarmiste et en même temps destructeur de la cohésion nationale. Pour rappel, je voudrais dire aux alarmistes que durant la décennie sombre qu'a vécue l'Algérie, les caisses de l'Etat se chiffraient à 8 millions de dollars.
Les usines étaient détruites ou à l'arrêt, le peuple algérien la cible d'une horde d'assassins, les gens fuyaient à l'étranger, les drames, les zones de non-droit, l'administration inexistante en certains lieux du pays, l'Algérie subissait un embargo de fait à tous les niveaux. Face à cela, le peuple algérien n'a pas abdiqué et n'a pas crevé de faim. Les gouvernants en place, les hommes et les femmes de ce pays n'ont pas renoncé…
L'Algérie a connu le pire cauchemar de son existence depuis la longue nuit coloniale. Une transition refusée par certains, les mêmes qui aujourd'hui continuent de demander une nouvelle période transitoire, à se demander ce qu'ils font dans les bancs des hémicycles depuis plus d'une décennie ! La transition de 1994-1997 a jeté les bases d'une vie politique, sociale et économique permettant la relance du pays, n'en déplaise à certains.
Depuis 1999, il faut reconnaître que beaucoup de choses ont changé, le prix du baril a flambé, le ciel est devenu plus clément et la réconciliation a donné de nouveaux espoirs aux algériens, même si certains n'ont pas suivi cette dynamique. L'eau est devenue disponible dans beaucoup de régions, des autoroutes relient les grandes villes du pays même si elles ont coûté cher, des aéroports, des cités universitaires, le métro, le tramway, les logements et bien d'autres réalisations ont fleuri dans ce pays et près de 200 milliards de dollars dans les caisses de l'Etat dans un pays immensément riche. Il faut reconnaître que la nature de l'être humain est ainsi faite : plus on en a, plus en on veut encore, ce qui dénote toujours des mécontentements.
Cependant, il faut avoir à l'esprit que la situation de l'Algérie n'est pas simple et ne l'a jamais été. Les insuffisances ont toujours existé et ont été subies, à l'exemple des wilayas dont la gestion était des plus désastreuses, puisque leur fonctionnement se résumait tout juste à distribuer des logements ou à partager des lots de terrain sans vision socioéconomique de développement ou presque (certains walis faisaient exception).
Niant cet état de fait et tous les travers qu'a subis ce pays, c'est faire insulte à notre mémoire.
Une gouvernance d'un autre temps
La situation géopolitique est très compliquée et les enjeux sécuritaires sont immenses, ne pas reconnaître aussi que les ennemis extérieurs existent serait très grave. La paix sociale et sécuritaire retrouvée, ce que vit notre pays n'est pas négligeable et est sans conteste une preuve de réussite, et mettre en cause cette harmonie est une grave atteinte aux efforts consentis par des hommes et des femmes qui continuent d'espérer. Dire que l'Algérie est sans pilote est aussi navrant après avoir accepté le suffrage des algériens, même si le président de la République se fait rare, il continue de diriger le pays à travers un gouvernement fait d'algériens, et je reste persuadé de leur amour et engagement au service de leur peuple.
Clamer chaque jour la vacance du pouvoir, c'est faire insulte à un chef du gouvernement qui n'a cessé de sillonner le territoire national, c'est aussi faire insulte à tous ces ministres et cadres qui gèrent les affaires du pays, même si ici et là il existe des insuffisances. Accuser ces hommes et ces femmes des faiblesses de notre économie, c'est nier la responsabilité de ceux-là qui critiquent chaque jour, oubliant leur rôle et leurs insuffisances quand ils étaient aux affaires et comment ils y sont arrivés !
S'immiscer dans les affaires de justice, défendre les plus forts, c'est oublier tous ces cadres algériens qui ont connu les affres de la justice et n'ont simplement jamais trouvé de défenseurs ni de soutiens malgré leur dévouement et leurs compétences au service de l'Algérie ! Ne sommes-nous pas égaux devant la justice, ou faut-il croire qu'on ne défend que les plus forts et leurs proches ? Alors que les politiques et les représentants du peuple doivent être du côté des plus faibles et bénéficier de leur sollicitude. Le modeste citoyen n'est même pas reçu dans cette hémicycle où il devrait trouver compréhension et réconfort, hémicycle où sont censées être traitées toutes les questions populaires.
Avancer aujourd'hui que c'est la faute d'un homme ou d'un gouvernement que l'Algérie subit la crise, c'est aller vite en besogne et aux accusations fallacieuses, alors que la responsabilité est collective et tacite, puisqu'on a accepté tout ce qui nous arrive…
Qui n'a pas rêvé d'une Algérie prospère et développée. Qu'a-t-on fait pour cela, rien ou si peu pour un pays qui en 1978 devenait un potentiel concurrent de l'Europe du sud de la Méditerranée. Ce pays a besoin aujourd'hui d'amour et d'engagement et non de fitna, de cohésion et non d'alarmisme, d'une justice sociale et non de mensonges, de dialogue et non d'affrontements.
A tous les niveaux, il y a des manques et pourtant les moyens colossaux sont mis sur la voie mais les résultats sont en deçà des espérances du peuple, il faut y remédier et vite, par l'engagement de ces entrepreneurs qui ont trop puisé dans la cagnotte mais qui ne montrent pas la contrepartie attendue, il faut démentir cette idée qui consiste à dire que le responsable algérien n'a pas de vision d'Etat mais juste une vision familiale des grands défis qui lui sont exposés.
Tous les Algériens, à quelque niveau que ce soit, ont profité de la manne pétrolière, certains plus que d'autres et parfois de manière outrancière et frauduleuse, des richesses se sont constituées et, à ce niveau-là, je peux même dire que le rêve algérien existe bien… A titre d'exemple, on peut devenir de simple citoyen à un homme politique d'importance et de simple vendeur de pastèques, on se hisse patron des patrons et que sais-je encore…
La démocratie et la liberté se construisent ensemble et sereinement à travers une pédagogie acceptée de tous et partagée et non décidée à l'exemple d'un Printemps arabe ou plutôt un cauchemar politique décidé par des forces externes dont le seul objectif est la destruction des pays arabes et musulmans pour mieux les maîtriser et les garder en situation de tubes digestifs… Le terrorisme frappe et détruit exclusivement le monde arabe et musulman, et 95% des victimes de ces massacres sont musulmans, faut-il plus de preuves pour comprendre l'objectif d'anéantissement de nos populations.
Aucun citoyen au monde ne peut rejeter le bien-être, la liberté et le respect de l'autre, mais force est de constater que les conflits sont encouragés chez les plus pauvres pour accentuer leur détresse et les maintenir en dépendance des plus forts.
L'Algérie a connu cette période de désolation extrême et aucun Algérien n'est prêt à revivre ce drame qui a coûté plus de 200 000 vies humaines et des milliards de destruction matérielle. Ce cauchemar est loin et continue de rôder autour de nous, ne dit-on pas que cet Etat islamique, qui a pris la suite d'Al Qaîda est en train de s'installer en Libye… Pour quels objectifs ?
Je pense que le temps n'est plus au clanisme et à la terreur verbale, mais qu'il faut avancer, se développer, bâtir. Il faut sauver l'Algérie et son peuple des travers conflictuels, de la dépendance, des crises inventées.
Oui, le temps est à l'effort, à l'amour pour ce pays pour mieux le préparer à faire face aux défis auxquels il est exposé et qui sont nombreux. Il faut arrêter de se focaliser sur des individus, car le sort de l'Algérie et de son peuple est plus noble que ceux dont la richesse est malheureusement non issue d'héritage familial mais bien d'un ensemble de malversations plus ou moins douteuses.
Le débat doit être tourné vers la société dans sa richesse et non dirigé vers les institutions qui sont encore fragiles. Ensemble les Algériens doivent bâtir un grand pays, leur pays ; divisés et haineux les uns envers les autres ils iront droit vers l'abîme des malheurs et de l'oubli.
L'intifada algérienne doit avoir comme objectif la lutte contre la corruption, une lutte sans merci. Notre jeunesse doit trouver toutes les possibilités d'entreprendre et se voir consacrer toutes les attentions contrairement aux plus riches qui continuent à puiser dans les caisses de l'Etat.
Il faut préserver la médecine gratuite et améliorer ses prestations pour tous, lutter contre la fuite des capitaux, mal qui ronge notre pays. Il faut encourager les investissements qui créent de la richesse et de l'emploi et non ceux qui vident nos réserves en devises. Voilà un combat digne de la Révolution de Novembre.
Il faut mener une bataille sans merci contre les importations futiles et abusives et excessives de produits qui finissent dans les décharges, la fraude fiscale doit être combattue sans merci et il est temps que ceux qui ont trop pris rendent à ce pays la quote-part qui lui revient par devoir… Voilà des pistes réalistes et motivantes pour une société plus juste, voilà comment être digne d'une révolution modèle et dont le retentissement a été planétaire.
Il ne faut pas perdre de vue que l'Etat doit continuer à protéger les plus faibles, c'est sa mission sociale en préservant ses aides et les rendre plus efficaces en y mettant un contrôle rigoureux. Cesser le soutien des prix comme le prônent les plus nantis et les entrepreneurs, pourquoi pas, à condition de doubler ou tripler les salaires des travailleurs qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Il n'appartient pas aux barons entrepreneurs de dicter la voie de la politique économique et sociale du pays. Ne dit-on pas : «Quand les opprimés se font la guerre, les oppresseurs ont la paix pour les affaires.»


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