La coordination locale des étudiants — qui regroupe des dizaines de comités autonomes des résidences et départements de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (l'UMMTO) — a procédé hier à la fermeture du rectorat de Hasnaoua devant lequel des étudiants ont observé un grand rassemblement. Cette action, organisée pour protester contre «la grave dégradation de la situation sociopédagogique» au sein de l'université, intervient après l'assemblée générale du 27 janvier, tenue au campus de Oued Aïssi, à 7 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Les protestataires exigent des trois directions des œuvres universitaires (DOU) de mettre à la disposition des comités locaux «la logistique nécessaire» à même de permettre aux étudiants de tenir leurs activités syndicales. L'assemblée générale a réuni les représentants d'une vingtaine de comités autonomes des résidences et départements universitaires qui ont dégagé un plan d'action à la suite notamment de «l'exclusion arbitraire d'une centaine d'étudiants syndicalistes et de la convocation en conseil de discipline d'une dizaine d'autres» et des «campagnes d'intox, de violence et de diffamation à l'endroit de toute action syndicale des étudiants», souligne la coordination locale des étudiants dans sa déclaration. Cette dernière dénonce en outre «l'accablante situation à l'université au sein de laquelle règnent un marasme sociopédagogique des plus criants, la clochardisation, le climat d'insécurité, la violation des franchises, le tout caractérisé par une gestion catastrophique, par les refus continuels du recteur de tout dialogue avec les représentants légitimes des étudiants, à savoir les comités locaux autonomes». Se disant disposés à débattre des problèmes que vivent les étudiants au sein de cette université, des représentants de la coordination locale dénoncent par ailleurs «l'ingérence du wali» dans les affaires de l'institution universitaire. A rappeler qu'une marche nocturne des étudiants de plusieurs campus (Tamda, Oued Aïssi, Boukhalfa, Hasnaoua…) a été tentée lundi soir vers la place centrale de la ville de Tizi Ouzou (ancienne mairie), mais elle a été empêchée par la police. Seules quelques centaines d'étudiants ont pu y aboutir et se regrouper. La tentative de marche des étudiants du campus de Boukhalfa a été empêchée au niveau de la brigade de sécurité du même village. Deux représentants du comité local autonome de cette université ont été arrêtés avant d'être relâchés. «Ils ont été tabassés et l'un a eu deux points de suture à la tête», dénonce un membre de la coordination locale des étudiants. Celle-ci projette par ailleurs de baptiser aujourd'hui la «bibliothèque centrale» Bastos du nom de Lounès Matoub. Rappelons que l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou connaît, depuis la rentrée, plusieurs mouvements de protestation. Il y a dix jours, la communauté estudiantine avait paralysé toutes les facultés de l'UMMTO, à l'appel de la coordination locale des étudiants. Ces derniers avaient même investi la rue, bloquant la voie publique à l'entrée principale du campus de Hasnaoua. Les protestataires se sont élevés pour dénoncer la situation, qualifiée d'intenable, qui prévaut au sein de l'UMMTO. «Les responsables refusent le dialogue pour trouver un terrain d'entente. C'est une forme de remise en cause des comités autonomes. Aujourd'hui, l'administration doit prendre ses responsabilités devant une situation alarmante», avaient martelé des grévistes. Les enseignants ne sont pas en reste des mouvements de protestation qui paralysent les campus dans la wilaya de Tizi Ouzou. En janvier dernier, ils ont organisé une marche au chef-lieu de wilaya, à l'appel du Conseil national des enseignants du supérieur de Tizi Ouzou (Cnesto), afin d'interpeller les responsables concernés sur les problèmes qui entourent leur profession. Ils exigent, pour rappel, «la mise en œuvre du protocole d'accord signé par le Cnesto et l'administration rectorale et l'arrêt immédiat du harcèlement administratif contre les enseignants en général et les syndicalistes en particulier». Enfin, notons que la situation que traverse l'UMMTO risque de perturber, encore une fois, l'année universitaire, déjà entachée de retards.