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Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2016

Une vingtaine de journalistes et de correspondants ont assisté à ce cycle organisé par le département Théâtre de la manifestation, «Constantine, capitale de la culture arabe» que dirige Mohamed Yahiaoui, également directeur du Théâtre national algérien (TNA).
«Notre objectif est de faire rencontrer les critiques de la presse, qui travaillent dans l'urgence, et les critiques académiques qui ont des références classiques, esthétiques et didactiques et qui prennent le temps dans leur travail.
Cette jonction s'est faite dans une ambiance conviviale. Il s'agit plus d'un dialogue que d'une formation classique. A mon avis, les critiques font partie de la famille du théâtre. Les journalistes doivent être dotés de tous les codes du théâtre, les approches sur la dramaturgie, sur l'esthétique et sur la philosophie dans le théâtre», a expliqué Brahim Noual.
Mohamed Boukeras, qui fait partie du comité organisateur du Festival national du théâtre comique de Médéa, a relevé qu'un nouveau mouvement de critique théâtrale est apparu dans le pays avec la multiplication des productions des théâtres régionaux et des coopératives et troupes indépendantes ces dernières années. «Nous constatons que les journaux consacrent de plus en plus d'espace au théâtre.
Il en est de même pour les télés et la radio avec la diffusion d'émissions sur le 4e art et la couverture des festivals et conférences organisés au niveau national. Les jeunes journalistes qui s'intéressent au théâtre veulent approfondir leurs connaissances sur cette forme artistique. D'où l'intérêt de ce genre de formation», a-t-il souligné.
Selon lui, l'écriture sur le théâtre est en train de gagner en qualité. «Puisque les journalistes ne s'intéressent pas uniquement aux thématiques des pièces, mais également à la scénographie, à la musique, à l'éclairage, à l'expression des comédiens et à la mise en scène. Il s'agit d'accompagner cet intérêt en dotant les journalistes de tous les instruments nécessaires pour analyser et décortiquer une pièce», a relevé Mohamed Boukeras qui prépare un doctorat sur la comédie.
Selon lui, la presse peut contribuer à faire émerger des stars dans le domaine du théâtre algérien. Djamila Mustapha Ezzegaï a regretté que les écrits sur la critique théâtrale académique ne soient pas édités et mis à la disposition du grand public.
L'université ne donne aucun appui aux critiques pour publier leurs travaux. Les universitaires hésitent à publier leurs travaux sur internet en raison du phénomène du plagiat.
Il y a parfois des étudiants et même des chercheurs qui reprennent les travaux des autres sans citer les références», a-t-elle révélé. Mohamed Zetili, directeur du Théâtre régional de Constantine (TRC), a, pour sa part, plaidé pour renforcer la relation entre les gens du théâtre et les professionnels de la presse : «La maîtrise de la critique peut aider à rapprocher l'art théâtral du public. Le journalisme culturel est nécessaire pour combler le fossé qui sépare parfois les spectateurs des faiseurs de spectacles».
Mohamed Zetili, qui est également un homme de lettres, prépare le lancement d'un club au TRC : «Le club sera un espace culturel qui regroupera les artistes, les gens des médias, les critiques et les intellectuels pour débattre de toutes les questions relatives au théâtre. C'est également un espace pour rendre hommage à tous ceux qui ont été mis à la marge ou oubliés malgré tout ce qu'ils ont donné au théâtre. Le club se réunit deux fois par mois. Sa première activité est prévue le 13 février.
A cette date nous rendrons un hommage à Hadj Smaïl et L'Hassen Bencheikh Lefgoun». Il a annoncé qu'une demande est déposée au niveau du ministère de la Culture pour que le TRC soit baptisé du nom du romancier et dramaturge Ahmed Rédha Houhou.
Mohamed Kali a expliqué comment il est passé du ciné-club de Béchar à la critique théâtrale à Oran, Aïn Témouchent et ailleurs. Il a expliqué comment le théâtre algérien a résisté à la barbarie et aux violences dans les années 1990, contrairement à ce qui se disait en France où l'on avait prétendu que le théâtre algérien «était en exil».
Allaoua Djaroua a parlé de l'évolution du mouvement théâtral à Constantine, sur ses écrits pour le théâtre (dont Madrasset el kadhabine), sur sa participation au lancement de la rubrique culturelle au journal Enasr et sur ses couvertures du Festival du théâtre amateur de Mostaganem dans les années 1970-1980.
Djamila Mustapha Ezzegaï, expert à l'Arab Theatre Institute, basé aux Emirats arabes unis, et enseignante au centre universitaire de Tipasa, est revenue sur l'histoire du théâtre algérien en expliquant que Mustapha Kateb peut être considéré comme le premier
dramaturge en Algérie : «Le dramaturge est un médiateur.
Il oriente les comédiens et les metteurs en scène pour perfectionner le spectacle. Mustapha Kateb était également critique de théâtre. Il a même critiqué la critique elle-même». Selon Brahim Noual, le conseiller littéraire joue le rôle de dramaturge dans certains théâtres européens : «Le dramaturge a une fonction dialectique. Les règles du raisonnement doivent être respectées au théâtre. Les écoles russe et allemande plaident pour cela.
Il y a aussi la notion de dramaturgie génétique, inventée par les Russes, qui évoque le rassemblement d'idées éparses pour en faire un texte théâtral», a-t-il précisé, parlant du travail de M'hamed Benguettaf et de Allal El Mouhib. «M'hamed Benguettaf, qui écrivait ses pièces dans des bloc-notes, lisait ses textes à ses amis avant de les finaliser. Il coupait, ajoutait, corrigeait, relisait», a-t-il dit, citant l'exemple de la pièce Quichotte, l'homme qui n'y était pour rien.
Parlant des genres du théâtre, Mohamed Kali, auteur du livre 100 ans du théâtre algérien, a rappelé que la tragédie à ses débuts concernait l'aristocratie en Europe : «Cela pouvait s'agir d'un roi, d'un prince ou d'un noble. On évoquait la divinité, les forces surnaturelles ou les sorcières. Contrairement à la tragédie, le drame est plutôt lié à la bourgeoisie. Et ce n'est que plus tard qu'est apparue la forme de la tragicomédie. Les conditions sociohistoriques ont eu à chaque fois de l'influence sur la création théâtrale».
Pour Mohamed Boukeras, la tragicomédie est un autre style théâtral qui a émergé pour signifier que la fin ne peut pas être tout le temps heureuse ou dramatique. «Il se peut que les gens du bien meurent à la fin et que ceux qui font du mal sortent victorieux. La tragicomédie est une manière de se rapprocher plus de la réalité de la vie. Dans la vie, il y a le rire, la joie, mais il y a aussi le malheur et la tristesse», a-t-il expliqué.
La comédie noire, selon Djamila Mustapha Ezzegaï, porte une forte teneur tragique amenant le spectateur à avoir de la sympathie pour le personnage central. «C'est une manière de rire en ayant mal. La comédie noire, c'est le rire triste», a enchaîné Mohamed Boukeras, citant l'exemple d'une pièce du dramaturge russe Anton Tchekhov, l'un des maîtres du réalisme au théâtre. Brahim Noual a invité les journalistes à lire (ou relire) l'ouvrage de Henri Bergson, Le rire : essai sur la signification du comique.
Dans ce livre, le philosophe français revient, entre autres, sur le comique des mouvements, le comique des formes et sur le comique de situation. «Bergson dit que nous rions souvent des malheurs des autres», a noté Noual, qui a expliqué la notion de la Forja (performance) qui désigne le théâtre surtout dans ses formes contemporaines et post-modernes.
Il a expliqué les origines cultuelles et cérémoniales de l'expression théâtrale et détaillé le rapport qu'elle a avec la danse en Algérie. Il a notamment parlé de la tradition de Ayrad et de Boughenja, mais également celle du goual appelé également «hlayqi» ou «hakawati». «Le colonialisme français a tenté d'effacer tous les repères culturels et artistiques populaires des Algériens.
Bref, tout ce qui porte l'identité nationale», a-t-il affirmé. Mustapha Lacheraf, Wadi Bouzar, Belkacem Saâdallah et Abdelkader Djeghloul ont consacré plusieurs travaux de recherche à cet aspect de l'occupation française en Algérie souvent méconnu. «Mefiez-vous du livre d'Arlette Roth sur le théâtre algérien. Elle n'a repris que ce qui la concerne à partir des Mémoires de Mahieddine Bachtarzi», a prévenu Noual. En 1967, la Française Arlette Roth a publié à Paris Le théâtre algérien en langue dialectale 1926-1954.
Les universitaires présents à Constantine ont invité les journalistes à enregistrer les témoignages des anciens comédiens Hadj Smaïl et Taha El Amiri, ainsi que Habib Abdelkrim (ancien directeur technique du Théâtre national algérien, TNA). Selon Mohamed Boukeras, le débat sur l'origine et la naissance du théâtre algérien doit rester ouvert. «Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que le théâtre algérien est né grâce à Georges Al Abiadh dans les années 1920, ou avec le spectacle des Garagouz. Il faut savoir qu'il n'y a pas un seul début pour le théâtre algérien, mais plusieurs débuts», a-t-il insisté.
Mohamed Boukeras a évoqué tous ceux qui ont écrit pour le théâtre et la chanson en laissant un trésor inexploré, abandonné ou oublié. Il a cité, entre autres, Rachid Ksentini, Mahieddine Bachtarzi, Allalou, Ali Tahar Cherif, Mohamed Touri, Tewfik El Madani, Mohamed Laïd Al Khalifa, Réda Houhou, Abderrahmane El Djilali, Kateb Yacine, Mustapha Lacheraf, Salah Kharfi, Abdallah Rekibi, Ould Abderrahmane Kaki, Abdelhalim Raïs, Abdelkader Alloula, Rouiched, M'hamed Benguettaf… «Malheureusement, la plupart des textes écrits depuis les années 1930 n'existent nulle part.
On ne les retrouve ni dans les livres ni au Théâtre national ou aux théâtres régionaux, ni encore à la Bibliothèque nationale. Certains textes sont conservés dans des archives personnelles ou familiales», a-t-il regretté. Les participants au cycle de formation à Constantine ont appelé à la création d'un Centre national des archives et de la documentation du théâtre. En ce sens, un projet est en cours d'élaboration avec l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) à la salle Atlas à Alger.
Les journalistes ont assisté à trois pièces : El Laz, de Yahia Benamar du Théâtre régional de Souk Ahras (d'après le roman de Tahar Ouettar), Alem al abid (Le monde des esclaves) de Lotfi Bensebaa du Théâtre régional de Oum El Bouaghi et Nisaâ al madina (Les femmes de la ville) de Shaninez Neghouache du Théâtre régional de Constantine. Celle-ci, à sa seconde mise en scène, a participé à un débat riche avec les journalistes et le public après la représentation, en présence notamment des comédiennes Mouni Boualem et
Sabrina Boukeria.
A la fin du cycle de formation, un plaidoyer a été établi pour la création d'une revue de théâtre, la formation de photographes et cameramen de scène, la poursuite du cycle de formation pour les journalistes et correspondants en sollicitant des spécialistes arabes et étrangers. Il est également souhaité l'ouverture des théâtres aux journalistes pour assister au «montage» des pièces avec l'accord des metteurs en scène. Le plaidoyer propose l'organisation d'un hommage au photographe Ali Hafied en publiant ses travaux.
Appel a également été lancé pour créer un réseau national des critiques de théâtre sur internet. Ce réseau s'occupera de l'élaboration d'une monographie de tous les intervenants dans le champ théâtral en Algérie, de la création d'un prix pour récompenser annuellement les meilleurs articles critiques sur le théâtre, et de l'organisation, à longueur d'année, de débats autour de pièces de théâtre en présence des comédiens et metteurs en scène.
Les participants au cycle de formation de Constantine ont appelé enfin à l'enseignement du théâtre comme matière à part entière à l'école. Il semble que des résistances existent au niveau du ministère de l'Education pour inscrire le théâtre comme une matière scolaire. Enfin, Mohamed Yahiaoui a annoncé que le cycle de formation sur la critique théâtrale va se poursuivre dans les prochaines semaines.


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