Les prévisions de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs tablent ainsi sur un baril à 60 dollars pour 2017 et 2018, et à 50 dollars d'ici la fin de la décennie, mais n'exclut pas pour autant un prix plancher à 20 dollars si les capacités de stockage mondiales sont atteintes. Damien Courvalin, responsable de la recherche sur les marchés de l'énergie chez Goldman Sachs, a expliqué, lundi dans un entretien qu'il accordé au quotidien économique français Les Echos, que la baisse actuelle des cours est due au fait que «le marché est simplement en train de réaliser les surplus de matières premières qui n'ont pas été corrigés l'an dernier. Les prix devaient donc baisser afin de corriger ces excédents persistants». L'occasion d'ailleurs pour battre en brèche certains arguments avancés pour expliquer la baisse des cours, et ce, en rapport avec les indicateurs de croissance économique, estimant que la baisse n'est pas le reflet d'une croissance économique nettement plus faible, comme on l'entend souvent. Les économistes de Goldman Sachs n'ont pas changé leurs prévisions et les données économiques récentes ne sont pas mauvaises. Il pense cependant que des questions demeurent quant aux perspectives de croissance de l'économie chinoise à long terme et que «cela peut avoir un impact sur les matières premières dont les prix, à court terme, baisseraient davantage que les prix à long terme». Damien Courvalin explique, cependant, que les prévisions du prix du pétrole établies par Goldman Sachs «sont liées au coût marginal de la production future. Pour 2017 et 2018, nous prévoyons un baril à 60 dollars et à 50 dollars d'ici à la fin de la décennie en raison des gains de productivité». Et d'ajouter que si les prix sont bas aujourd'hui et qu'ils reflètent un schéma d'ajustement du marché comme ce fut le cas dans années 1980 et 1990, ils ne le resterons pas, estimant que le niveau des cours actuel est irrationnel. Opep : Le schéma d'une firme dominante La banque d'affaires américaine n'écarte pas pour autant le scénario d'un baril à 20 dollars. Un scénario intimement lié aux capacités de stockage. C'est ainsi que Damien Courvalin estime qu'«il suffit que la croissance économique mondiale ralentisse de l'ordre de 0,5% ou que l'Iran produise autant que ce que le gouvernement a annoncé pour qu'elles (les capacités de stockages, ndlr) soient atteintes». Et de préciser que si ce scénario a été dépassé en 2015 et que c'est le scénario de base pour 2016, le risque est «réel» et pris en compte par Goldman Sachs. Sur un autre registre, le responsable de la recherche sur les marchés de l'énergie estime que la stratégie de l'OPEP est «rationnelle», dans la mesure où la contribution de l'Organisation à la production mondiale de pétrole ressemble plutôt au «schéma économique d'une firme dominante qu'un cartel. Cette firme dominante fait face à la forte hausse de la production par des producteurs à plus hauts coûts et surtout à un aplatissement de la courbe des coûts de l'industrie. Elle doit y répondre par une augmentation de sa propre production pour maximiser ses revenus à moyen terme». Enfin et en ce qui concerne l'impact de la baisse des cours du brut, le recul des investissements qui s'en suit dans le secteur pétrolier, sur les futurs prix du baril, Damien Courvalin pense que cela dépendra de trois facteurs. A savoir, la capacité de l'OPEP à augmenter sa production année après année, ensuite, de l'amplitude de la hausse de la production aux Etats-Unis et enfin des projets dans les zones hors OPEP et hors Etats-Unis (golfe du Mexique, Brésil).