Au moment où certaines organisations et institutions internationales affichent un optimisme quant à la reprise des cours du pétrole à court terme, à l'image de la banque d'investissement Goldman Sachs, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a, elle, balayé tout espoir de remontée des prix. «Nos prévisions sur les prix à moyen terme sont liées au coût marginal de la production future. Pour 2017 et 2018, nous prévoyons un baril à 60 dollars, et à 50 dollars d'ici à la fin de la décennie en raison des gains de productivité», a expliqué, dans une interview au quotidien français les Echos, Damien Courvalin, stratégiste en matières premières et responsable de la recherche sur les marchés de l'énergie chez la banque d'investissement Goldman Sachs. Mais l'AIE, dans son rapport mensuel de ce mois de février, prévoit, sur fond de surplus d'offre de pétrole, un scénario tout autre que celui de la banque en question. Ainsi, pour cette agence, qui représente les pays consommateurs de pétrole, la probabilité d'une réduction concertée de l'offre entre les principaux producteurs, membres ou non de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est «très faible». «La spéculation continuelle sur un accord entre l'Opep et les principaux producteurs non-Opep en vue de réduire la production n'est rien d'autre que de la spéculation», a-t-elle prévenu estimant de ce fait que «mieux vaut ne pas compter sur une baisse concertée pour voir les prix remonter». L'Opep, selon l'AIE, devrait continuer à pomper vigoureusement cette année. Iran, Irak et Arabie saoudite en tête, l'Organisation a extrait 32,63 millions de barils par jour (mbj) en janvier, ce qui représente une hausse de 280 000 barils par jour par rapport au mois précédent et de près de 1,7 mbj sur un an, détaille la même source. La production mondiale s'est toutefois repliée de 200 000 bj le mois dernier, à 96,5 mbj, affectée par la baisse de la production hors Opep, qui devrait décliner de 600 000 bj en 2016, à 57,1 mbj. Pour autant, il est prématuré de tabler sur une reprise des cours du fait d'une forte chute de la production américaine de pétrole de schiste, «il se peut qu'elle continue encore à résister», a souligné l'AIE. Hier, les prix du pétrole gagnaient un peu de terrain, en cours d'échanges européens, aidés par un accès de faiblesse du dollar, mais peinaient à étendre leurs gains du fait de la surabondance persistante de l'offre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait, hier 33,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 36 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI), pour livraison en mars prenait 56 cents à 30,25 dollars. Les cours étaient aidés hier par un nouvel accès de faiblesse du dollar, observaient des analystes, notamment face à l'euro, au franc suisse et au yen. En effet, la baisse du dollar rend les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, moins onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises. «Les cours se reprenaient légèrement mardi après les nouvelles fortes pertes enregistrées la veille», tempéraient les analystes de Commerzbank. La forte baisse des cours lundi avait été «alimentée par les inquiétudes grandissantes liées à la surabondance mondiale de pétrole et par la baisse des marchés d'actions américains du fait des craintes de ralentissement de la croissance économique mondiale», expliquaient les experts du cabinet Inenco. De plus, les investisseurs peinent à croire à un arrangement entre les principaux producteurs pour réduire une offre dont le niveau pléthorique a contribué à plomber en janvier les cours au plus bas depuis 2003, malgré la campagne de lutte contre la chute des prix menée par le Venezuela, dont le ministre du Pétrole, Eulogio del Pino, s'est rendu le week-end dernier en Arabie saoudite, le plus gros producteur au sein de l'Opep, après avoir rencontré des responsables russes la semaine dernière. Selon l'agence saoudienne d'Etat SPA, «la réunion a été un succès et s'est déroulée dans une bonne ambiance», mais «il n'y a aucun détail sur d'éventuelles mesures concrètes», relevaient d'autres analystes. «Il y a eu une discussion sur une coopération entre pays producteurs membres de l'Opep et non membres de l'Opep, mais aucun pays du Golfe n'a encore publiquement admis ne serait-ce qu'un souhait d'une réunion avec la Russie», ont-ils souligné. Le Venezuela, membre fondateur de l'Opep et dont l'activité économique dépend du commerce du pétrole, mène en vain, depuis plus d'un an, une campagne pour lutter contre la chute des prix auprès des membres de cette organisation. Il a, récemment, proposé une réunion extraordinaire de l'organisation pour ce mois de février. B. A./Agences