Une année après l'élection de Boudjemaâ Abidat et son bureau à la tête de la Fédération algérienne d'escrime (FAE), jugée illégale par le Tribunal arbitral du sport algérien (TAS) et tout récemment par le tribunal de Bir Mourad Raïs, l'escrime algérienne traverse une crise. La présidente de la FAE, Fériel Salhi, reconnue par la Fédération internationale d'escrime (FIE), n'a pas cessé de tirer la sonnette d'alarme quant aux conséquences qui en découlent, mais sans résultat. Le jusqu'au-boutisme de la tutelle a fait réagir ainsi l'instance internationale afin de se mettre sérieusement de la partie et prendre les premières mesures à l'encontre de la fédération actuelle. Cette tournure aurait pu être évitée si la loi algérienne avait été respectée. La première entrave constatée est que le MJS avait convoqué une AGE pour le 30 janvier 2010, à l'insu des membres du bureau fédéral qui avait préalablement fixé son déroulement pour le 6 février 2010, et ce, à l'issue de l'AGO du 16 janvier. Comme le prévoient les statuts de la FAE. A cette époque, F. Salhi et ses membres s'étaient élevés pour dénoncer la prétendue AGE, pour reprendre le communiqué transmis à toutes les rédactions de la presse algérienne. F. Salhi, première présidente dans l'histoire des fédérations sportives algériennes, avait adressé plusieurs recours et courriers au ministre de la Jeunesse et des Sports ainsi qu'à la commission interministérielle, qui sont restés sans suite. Idem pour le courrier relatif à la sentence arbitrale adressé au MJS. Par la suite, l'affaire a été jugée par le tribunal de Bir Mourad Raïs, qui a donné gain de cause à F. Salhi. Paradoxalement, le MJS déménage, ou plutôt vide les bureaux de la fédération, mais sans pour autant exécuter l'ordonnance du tribunal. Autre stupéfaction : le MJS fait appel à la chambre administrative (après tout délai) pour le 15 février prochain. Après sa réhabilitation dans son poste de présidente par l'instance arbitrale du sport et par les tribunaux, Fériel Salhi reste sereine, même si elle appréhende des représailles. « J'attends qu'on applique les lois de mon pays. Rien que cela, car nul n'est au-dessus de la loi. Il est clair qu'en défendant mes droits, je m'attends à des représailles. Comme par exemple la diffamation, la ''confection'' de dossiers et autres intimidations. » F. Salhi, qui siège en qualité de membre au sein de la FIE, fait remarquer que dans la situation actuelle, « il y a deux tendances : celle qui veut gagner du temps, ne voulant pas que son implication dans des irrégularités soit dévoilée à l'opinion publique ; celle qui constate le gâchis par rapport au travail élaboré durant deux années ». Concernant son avenir dans l'escrime, « si la misogynie et la hogra continuent à être des paramètres qui régissent le sport au nom de la République, je continuerai à œuvrer inlassablement dans cette discipline tant sur le plan national qu'international. Cela me fait mal au cœur de constater que tout ce qui a été édifié en Algérie ne restera qu'un souvenir, telle l'organisation du grand prix d'Alger sous l'égide de la FIE, qui a été rayé du calendrier international. Pourtant, ce rendez-vous a permis la présence à Alger de 300 escrimeurs de 40 nations pour deux jours de compétition ». F. Salhi, qui a intention de défendre la bonne cause, jette un pavé dans la mare. « Ce n'est ni par ambition ni pour un quelconque intérêt que je lutte. C'est simplement pour éviter à la nouvelle génération d'escrimeurs d'être ''encadrée'' par des pseudo-dirigeants qui privilégient leurs intérêts. J'ai la preuve qu'une personne influente à la fédération a falsifié une attestation (n°2322) d'athlète d'élite pour son fils qui n'a jamais pratiqué l'escrime. Avec cette fausse attestation, le fils a pu poursuivre ses études à l'ISTS. Cette malversation a été cautionnée par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Sans parler aussi des faux CV émanant de membres qui ont été envoyés à la Fédération internationale d'escrime », révèle-t-elle.