Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a menace de recourir à la grève. « Nous sommes prêts à en découdre », a déclaré le coordinateur national du syndicat, Meziane Meriane, hier lors d'une conférence de presse tenue au siège du MDS à Alger. Le Snapest a décidé de renouer avec la protesta, en arrêtant le principe d'une grève renouvelable à partir du 16 février, « parce que rien n'a filtré de la commission ad hoc chargée d'étudier le régime indemnitaire et qui travaille depuis le 4 janvier dernier. Un silence qui nous inquiète sérieusement », a indiqué M. Meriane. Une inquiétude plus que justifiée dès lors que le partenaire social, les syndicats, n'est pas associé aux travaux de cette commission. Cette dernière, mise en place le 29 décembre 2009, est composée exclusivement des représentants du ministère de l'Education et de celui des Finances et de la Fonction publique. Une exclusion que trouve le coordinateur du Snapest « aberrante ». « Les syndicats autonomes dénoncent cette exclusion. Il s'agit d'une reconnaissance de façade de nos syndicats », s'est-il indigné. Le Snapest ne compte pas paralyser seul le secteur de l'éducation. « Face à cette situation de blocage, il est du devoir de tous les syndicats autonomes d'entrer en concertation. Nous allons, à partir d'aujourd'hui, entamer les contacts avec les autres syndicats. » Ce débrayage se veut aussi une solidarité avec « les amis de la santé qui sont étranglés. Il faut desserrer l'étau sur les syndicats de la santé qui sont en grève depuis le mois de décembre. Cela dénote d'une attitude méprisante à l'égard des médecins et des malades », a estimé Meriane. Œuvres sociales : un vrai trésor Le représentant des enseignants a parlé, également, d'une volonté délibérée de la part des pouvoirs publics « pour ne pas répondre favorablement aux doléances des fonctionnaires. A chaque fois ils rejettent nos demandes sur les nouvelles primes sous prétexte qu'elles sont injustifiées », a précisé Meriane, se demandant « comment peut-on justifier alors les salaires des députés et ceux des hauts cadres ». L'autre source de conflits entre les syndicats autonomes et les pouvoirs publics est celui de la gestion des œuvres sociales. Un trésor auquel il ne faudra surtout pas toucher ! Selon M. Meriane, les œuvres sociales sont régies par un décret présidentiel qui est « complètement dépassé par la réalité politique du pays ». Le décret en question – n° 82-303 du 11 septembre 1982 – stipule dans son article 26 : « A l'exclusion des membres de l'instance syndicale et des représentants élus des travailleurs, la liste des membres désignés pour faire partie de la commission des œuvres sociales est soumise pour examen et approbation aux instances du parti FLN. » Un décret du temps du parti unique. Conscient que le dialogue avec la tutelle n'aboutira pas dès lors que les solutions impliqueront d'autres départements ministériels, « à partir du moment où la tutelle se dit incapable de satisfaire nos revendications. » « Souvent, le ministre de l'Education nous dit que la question des salaires et des postes budgétaires ne relève pas de ses prérogatives. Seule la chefferie du gouvernement est apte à apporter des réponses à nos doléances, seulement les portes du Palais du gouvernement sont infranchissables. La grève demeure le seul recours », a tranché M. Meriane. Il faut souligner que la grève à laquelle appelle le Snapest intervient dans un climat social très agité. Les travailleurs de tous les secteurs sont en colère, mais le gouvernement de Bouteflika semble faire la sourde oreille quand il ne lâche pas son appareil répressif, comme il l'a fait hier contre les médecins.