Israël et la Syrie se livrent à une guerre des mots en se menaçant mutuellement de représailles en cas de conflit militaire, alors que le Liban, par la voix de Saad Hariri, alerte la communauté internationale sur « les menaces quasi quotidiennes d'Israël ». « Notre message à Assad doit être clair : non seulement tu perdras la prochaine guerre mais tu perdras aussi le pouvoir, toi et ta famille. » La sentence est signée M. Lieberman, ministre des Affaires étrangères et leader du parti ultranationaliste Israël Beiteinou. Toutefois, l'attaque frontale du chef de la diplomatie israélienne contre le président Bachar Al Assad ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement de Benyamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien, lui, s'est montré beaucoup plus conciliant en se disant prêt à accepter une médiation pour permettre une relance des négociations entre Israël et la Syrie gelées depuis plus d'un an. La réponse de Damas ne s'est pas fait attendre : le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a mis en garde Israël contre tout projet de guerre contre la Syrie, estimant qu'un tel conflit se transformerait en « guerre généralisée » et en précisant que des villes israéliennes « seront touchées ». Le ministre syrien répondait lui-même à l'influent ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, qui a affirmé qu'en « l'absence d'accord de paix avec la Syrie, nous pourrions nous retrouver dans une confrontation militaire qui pourrait mener à une guerre totale ». C'est, en fait, la personnalité controversée du chef de la diplomatie israélienne qui est mise en cause. « Israël est un drôle de pays où le ministre des Affaires étrangères parle comme un ministre de la Guerre, tandis que le ministre de la Défense parle comme un ministre de la Paix », analysent certains spécialistes qui ajoutent que M. Lieberman s'est livré à une provocation très grave alors qu'Israël tente de se présenter comme un pays qui aspire à la paix. Sur le front politique intérieur israélien, le député Shaoul Mofaz, du Kadima (centriste), le principal parti d'opposition, a lui aussi dénoncé les propos « irresponsables » de M. Lieberman qui risquent de provoquer « une escalade verbale et peut-être même davantage ». Le député travailliste Eitan Cabel, a, pour sa part, exhorté M. Netanyahu à destituer son ministre des Affaires étrangères qu'il a qualifié de « fauteur de guerre, sans honneur et sans sagesse ». La Syrie et Israël avaient engagé, en mai 2008, des négociations indirectes par l'intermédiaire de la Turquie, portant sur le plateau du Golan occupé par Israël en 1967 et que Damas veut récupérer, ainsi que sur un éventuel accord de paix. Mais ces discussions ont été rompues après l'offensive israélienne contre la bande de Ghaza, il y a un an.Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, appelle de son côté la communauté internationale à écouter « les menaces quasi quotidiennes d'Israël » et dit craindre « une guerre dans la région ». « Que la communauté internationale fasse le nécessaire avec Israël, afin d'éviter une guerre dans la région », demande Saad Hariri. Il affirme que son pays ne connaîtra pas les « divisions internes » sur lesquelles « Israël parie ». Lors d'une tournée à Paris, le 20 janvier, sa première visite officielle dans un pays occidental depuis la formation de son gouvernement fin 2009, Saad Hariri avait déjà dit craindre une intervention, alors que l'armée israélienne multiplie les survols du territoire libanais. Les Américains, éternels alliés d'Israël, semblent de leur côté plus enclins à discuter avec la Syrie. Ce mercredi, Washington a nommé un nouvel ambassadeur à Damas, le premier depuis cinq ans.