Quel est l'objectif de cette réunion à Alger ? Nous tenons des rencontres régionales tout comme ailleurs au niveau des autres continents mais pour les pays arabes, elle est très importante. Dans le monde, le Centre du patrimoine mondial enregistre 31 sites classés par l'Unesco en péril, dont 7 se trouvent dans des pays arabes. Grâce aux efforts engagés par l'Algérie, celui de Tipasa ne figure plus sur la liste du patrimoine en péril. S'agit-il de votre première visite en Algérie ? Je préfère vous dire que je n'ai pas vu l'Algérie depuis vingt ans ! En 1980, architecte de formation, j'étais venu comme jeune coopérant pour enseigner à l'école polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger. Mon séjour en Algérie de manière générale avait été très agréable. Et je venais souvent en excursion à Tipasa. Où vous revenez aujourd'hui… J'ai profité des quelques heures libres de mon programme, à Alger, pour me rendre sur ce site classé par ailleurs sur la liste du patrimoine mondial depuis 1982, afin de vérifier si les écrits que j'avais reçus sont conformes à la réalité. La journée ensoleillée a rendu ma visite encore plus confortable et instructive. Classé sur la liste des patrimoines en péril, le site de Tipasa a été à nouveau réhabilité. Comment le trouvez-vous aujourd'hui ? Je n'ai pas trouvé une grande différence entre son état des années 1980 et celui d'aujourd'hui, à l'exception de quelques remarques mineures qui peuvent s'expliquer par les aléas de la nature. Il y a encore du travail à réaliser en matière d'entretien. D'ailleurs, je rencontre beaucoup de similitudes entre le site de Tipasa et les autres sites archéologiques du bassin méditerranéen, comme ceux d'Italie. Le petit village de Tipasa d'autrefois a aussi beaucoup grandi aujourd'hui. Qu'est-ce qui vous frappe le plus sur le site archéologique ? Le paysage est extraordinaire, avec sa superbe vue sur la mer en symbiose avec les couleurs naturelles. Je trouve le site équilibré. Sans béton, heureusement… L'aménagement du port de Tipasa a fait l'objet de beaucoup de critiques. Quel est votre avis ? A mon humble avis, on aurait pu réfléchir à d'autres variantes architecturales avant de passer à la réalisation. Bon, maintenant, c'est fait… De quelle manière intervenez-vous sur les sites archéologiques ? Nous ne sommes pas des gestionnaires des sites classés par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial. Nous vérifions simplement leur état physique et alertons les autorités sur d'éventuelles dégradations. Car notre mission ne se limite pas au programme d'un mandat d'un élu : nous travaillons sur le long terme. Si le site archéologique de Tipasa est arrivé à un statut international, c'est grâce à son bon niveau de gestion. De passage à Alger à l'occasion d'une réunion de bilan sur le patrimoine classé par l'Unesco dans les Etats arabes, Francesco Bandarin, directeur du Centre du patrimoine mondial, s'est rendu à Tipasa. Un site qu'il connaît depuis longtemps…