Une candidate voilée à des élections françaises, dans un pays où la laïcité est vantée au-delà des frontières hexagonales, forcément cela devait faire couler beaucoup d'encre. Le Nouveau parti anticapitaliste n'est pas un novice en matière de confusion des idéaux. Déjà en 2004, alors qu'il se nommait encore Ligue communiste révolutionnaire, le parti trotskiste, avec d'autres mouvances gauchistes, se battait contre la loi qui devait interdire le voile islamique à l'école. Son argumentaire, depuis, n'a pas changé. En officialisant Ilham Moussaïd sur la liste du Vaucluse en vue des élections en région Provence Alpes Côte d'Azur, le NPA ne voit dans la jeune femme voilée qu'une « militante féministe, anticapitaliste, internationaliste, qui estime devoir porter le voile en raison de ses convictions religieuses. (...) La foi est une question privée qui ne saurait faire obstacle à la participation à notre combat dès lors que les fondamentaux laïcs, féministes et anticapitalistes de notre parti sont sincèrement partagés ». Au risque de donner le tournis à l'ensemble de la classe politique française qui a réagi durement et d'une voix presque unitaire, gauche et droite confondues, en condamnant cette initiative, le NPA persiste et signe : la laïcité peut se fondre dans la représentation traditionnelle du hidjab. C'est ce qu'a réaffirmé la jeune militante qui a résumé la question, insistant qu'on peut être « féministe, laïque et voilée ». En Algérie, et ailleurs, les militantes féministes apprécieront ce glissement sémantique subtil : « Je suis militante avant d'être voilée ». Le quotidien Vaucluse Matin rapporte ses propos prononcés à Marseille lors d'une conférence de presse impromptue sur le Vieux Port : « Je peux comprendre qu'on ne comprenne pas mon choix de porter le voile et je le respecte. Mais je ne suis pas opprimée. » « Oui, le voile est compatible avec les lois de la République. » « Je défends la laïcité, le féminisme et l'anticapitalisme. » Agée de 21 ans, étudiante en BTS d'assistante de gestion, Ilham Moussaïd a rejoint le NPA via un collectif contre l'occupation de Ghaza. Dans sa profession de foi obligatoire pour la candidature, elle dit aussi être « en lutte contre les discriminations, le racisme dans les quartiers populaires, contre l'apartheid et l'injustice en Palestine ». Le numéro un du parti, Olivier Besancenot, résume en estimant que la jeune fille représente « l'image de notre intégration dans les quartiers ». Ce que refusent de cautionner des membres minoritaires du NPA : « Les systèmes religieux demeurent de terribles instruments d'oppression sur les femmes, la jeunesse, les homosexuel/les, les dominés en général. En porter les signes au nom de notre parti, c'est créer une ambiguïté qui nous semble inopportune. » Pour la petite histoire, le numéro 2 sur la liste PCA du NPA est une jeune maghrébine, Fadila El Miri, sans voile.