La sécurité dans les stades était en débat hier à l'hôtel Hilton. Organisé par la Fédération algérienne de football (FAF), le séminaire a traité de l'expérience anglaise quant à cette question sensible. Les deux invités de la FAF ont longuement disserté sur le sujet qui a captivé l'attention des présents. Chris Whalley, directeur de la sécurité dans les stades à la Fédération anglaise de football (FA), a fait une rétrospective de ce phénomène, énuméré tous les moyens de la stratégie de lutte contre ce fléau et les résultats obtenus au bout de 20 ans de travail. Sur ce chapitre, le conférencier dira : « Dans les années 1970, le hooliganisme a pris de l'ampleur et chaque lundi, les comptes rendus de presse faisaient état d'incidents, de bagarres, de violences... Trois événements allaient précipiter le changement. L'incendie d'une tribune à Bradford, la tragédie du Heysel et le drame de Hillsbrough où des dizaines de personnes ont péri. Le gouvernement a chargé le juge (Taylor) d'élaborer un rapport sur l'état de la sécurité dans les stades. Le rapport contenait 76 recommandations qui ont toutes été adoptées. Il fallait rénover et construire de nouveaux stades. L'aide du gouvernement était conséquente. A présent, tous les stades sont dotés de moyens de contrôle et de visionnage des spectateurs et des tribunes. Chacun des 92 clubs pros a son monsieur sécurité et tous travaillent en étroite collaboration. » Selon Chris Whalley, 30 millions de supporters par an fréquentent les stades de Sa Majesté. Les Anglais ont criminalisé certains délits, comme pénétrer sur le terrain, lancer des objets, agresser d'autres supporters. La justice accompagne cette politique de lutte contre la violence et la garantie de la sécurité dans les enceintes sportives. Son compatriote Bryan Drew, directeur unité britannique de maintien de l'ordre du football, a présenté les grandes lignes adoptées par la Fédération anglaise en réponse à l'insécurité dans ses stades. La mobilisation de tous les partenaires du football (fédération, clubs, entraîneurs, joueurs, police, gouvernement) a abouti au résultat que toute la planète football salue. Les stades anglais sont devenus des havres de sécurité, cités en exemple partout dans le monde. Cela n'a été possible que grâce aux efforts soutenus des autorités et de la fédération qui n'ont ménagé aucun moyen, financier ou humain, pour améliorer l'image du football anglais. La fédération et la ligue gèrent 3000 matches par saison. Le rapport Taylor est à la base de toutes les améliorations intervenues au cours des dix dernières années. Les stades anglais, plus particulièrement ceux des première et seconde ligues, sont devenus des espaces de convivialité et où le confort du supporter est garanti. Le supporter anglais n'a plus peur pour sa sécurité en fréquentant les stades. Tout est fait pour. Les stades regorgent de restaurants, loges, parkings, hôtels, parfois, comme à Stamford Brige à Chelsea où l'animation n'est pas un vain mot. Dans ce contexte, favorisé par la construction de nouveaux stades avec toutes les commodités, les dirigeants du football ont joué sur du velours pour multiplier les ressources des clubs, les ont rendus si puissants par rapport aux autres pays qu'aujourd'hui l'Angleterre est devenue la mecque du football. L'argent coulant à flots, les résultats des clubs et de la sélection étant meilleurs que par le passé, la Fédération anglaise n'a eu aucune peine à faire appliquer les 76 recommandations du rapport Taylor. La source du succès d'aujourd'hui. Le modèle anglais est-il exportable en Algérie ? Sans doute pas. La législation des deux pays n'est pas la même. La volonté (politique) ne semble pas aussi forte chez nous pour venir à bout de ce phénomène qui ne cesse de ternir l'image de notre football. En Angleterre, par exemple, les clubs sont propriétaires de leurs stades et installations. Aucune compétition ne peut être organisée sans le certificat de conformité que délivre chaque saison la ligue. Au Royaume-Uni, les clubs sont responsables de la sécurité dans les stades. En Algérie, il en est autrement. Les clubs sont de simples utilisateurs des stades, ils n'ont pas la possibilité d'en construire sur leurs fonds propres. Y a rien de comparable, même si on parle d'une même chose, à savoir le football. Le mérite de la FAF, c'est d'avoir invité son homologue anglaise à venir parler de son expérience dans un domaine qui tourmente les nuits de nos gestionnaires.