Les praticiens de santé publique ont entamé hier une grève de deux jours, à laquelle a appelé le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) pour des revendications professionnelles. Les médecins, pharmaciens et dentistes du secteur public ont prévu, aujourd'hui, un rassemblement devant le ministère de la Santé, pour interpeller les pouvoirs publics sur «les conditions dégradées» dans les structures sanitaires. Le mouvement de protestation de ces praticiens est motivé, selon les explications affichées au niveau des structures de santé, par l'insécurité «de plus en plus menaçante» au niveau des établissements du secteur. «En plus des dépassements verbaux de certains accompagnateurs de malades, les praticiens doivent faire face aux agressions physiques (coups et blessures) et assister au saccage des équipements», s'emporte Lyès Merabet, président du SNPSP. Il explique que le retard accusé dans la prise en charge des urgences qui atterrissent dans ces structures souvent dépassées par le manque de moyens ne doit pas justifier ces comportements «de plus en plus fréquents». Le syndicat revendique donc «des mécanismes de protection suffisants» pour les praticiens : «Nous estimons que les services de santé publique devraient être dotés de services d'accueil pour faciliter l'orientation et le dispatching des patients.» Le Snpsp s'interroge également sur les raisons ayant motivé la suppression de la formation des assistants médicaux et des assistants sociaux, dont le rôle est important pour l'accompagnement des malades et leur orientation. Le Snpsp fait remarquer que la pression sur les établissements de santé publique est engendrée par la carte sanitaire, figée depuis des décennies. «Les campagnes d'urbanisation et de construction de nouvelles villes et la livraison de programmes de logements n'ont pas été accompagnées par de nouvelles structures de santé pour la prise en charge de toute cette population, d'où la pression croissante sur les services obsolètes», constate le Dr Merabet, appelant ainsi à la révision de la carte sanitaire et au renforcement des plateaux techniques au niveau des régions qui souffrent d'un manque en matière de couverture sanitaire. Le syndicat dénonce également la répression du mouvement de protestation au niveau de plusieurs régions, dont Jijel et Alger. La plateforme de revendications adressée par le SNPSP au ministère compte, entre autres, la levée des mesures disciplinaires et des poursuites judiciaires engagées contre des délégués syndicaux. «Nous sommes réduits à la clandestinité pour préparer nos actions de protestation», lâche le président du syndicat appelant le ministère à «respecter ses engagements et traduire les discours sur le terrain». Concernant le taux de suivi de la grève, hier, le SNPSP l'estime à 70%. Selon le même syndicat, le suivi varie entre 70% à Alger, 95% à Blida, 65% à Ouargla et 70% à Ghardaïa. Le ministère de la Santé avait indiqué, dans un communiqué repris par l'APS, que le taux de suivi de la grève par les praticiens au niveau national a atteint 0,6% alors qu'il était à 00% dans 40 wilayas. Le ministère, qui a jugé la grève «illégale», a appelé, dans un communiqué, les praticiens à «faire preuve de raison et de sens de responsabilité».