Il devient urgent de mettre en place des stratégies et des actions visant la réduction du risque de transmission du VIH/SIDA auprès des consommateurs de drogue. Selon une étude réalisée par le programme commun de lutte contre le Sida des Nations Unies « ONUSIDA » auprès des consommateurs de drogues de trois villes algériennes (Oran, Alger et Annaba), « la quasi-totalité des 285 sujets interrogés consomment ou ont consommé des psychotropes (comprimés) avec un taux moyen de 97% (Annaba 99%, Alger 98%, Oran 94%) suivis par le kif/cannabis qui reste, de loin, la deuxième drogue consommée avec une fréquence moyenne de 93% des usagers enquêtés (Annaba 87%, Alger 96%, Oran 95%). En troisième lieu vient le sirop Codéine/Périactine dont la consommation est retrouvée chez 48,4% des enquêtés ». Véritable pavé jeté dans la mare du ministère de la Justice, l'étude fait également état de la vente de ces produits dans les prisons où leurs prix seraient plus élevés que dans la rue ou dans les pharmacies. C'est dire que l'usage de drogue prend une propension alarmante en Algérie à telle enseigne que les établissements pénitentiaires n'ont pas été épargnés par ce fléau sociétal. Notre pays est donc devenu, non plus un lieu de transit, mais celui de consommation. Cela concerne aussi bien les drogues dites douces (cannabis ou haschich et opium) que les drogues dures telles que l'héroïne et la cocaïne en passant par des produits médicamenteux tels que sirop Codéine/ Périactine ou bien le Tamgesic/Subutex. Selon le bilan de la lutte contre le trafic et l'usage de stupéfiants et des substances psychotropes, enregistré durant le troisième trimestre de l'année 2009, les différents services de sécurité avaient saisi 8 166,771 Kg de résine de cannabis, 189 g de graine de cannabis, 91 plants de cannabis et 23701 comprimés de substances psychotropes de différentes marques. Du côté de la drogue dure, le même bilan indique la saisie de 103,2 g de cocaïne, 1 g de crack et 316,369 g d'héroïne. L'usage de Tamgésic/Subutex, - un dérivé synthétique de l´héroïne avec des propriétés proches de celle des opiacés-, a été décelé chez 43,5% des usagers interrogés (Annaba 52%, Alger 58%, Oran 20%), dépassant, selon toujours la même source, l'héroïne consommée par 36% de personnes interrogées (Annaba 32%, Alger 51%, Oran 26%), la cocaïne (35%) et l'opium (23,5%). Cette étude sera présentée par l'association nationale de lutte contre les IST/SIDA et de promotion de la santé AnisS qui participera, du 08 au 10 février 2010 à Rabat (Maroc) à la rencontre de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Outre l'Algérie et le Maroc, prendront part à cette réunion internationale la Libye, le Sultanat d'Oman, la Tunisie, l'Egypte, le Bahreïn, l'Iran, le Liban, l'Afghanistan et le Pakistan. Organisée par l'OMS et le Réseau d'expert et organismes de réduction du risque dans la région MENA (Menahra), ce rendez-vous auquel a été conviée AnisS la seule association algérienne participante, sera caractérisé par les interventions et les échanges d'expériences des différents organismes gouvernementaux (ministères de la Santé et offices de lutte contre la drogue) des pays concernés. La mission assignée à ce regroupement est l'élaboration de stratégies et politiques nationales de réduction du risque du VIH/SIDA chez les usagers de drogues injectables de chacun des pays de la région. L'enquête de AnisS démontre une sinistre réalité que vit un pan entier de la jeunesse algérienne rongée par le chômage et la pauvreté. Mais pour assurer leur « dose », ils ne lésinent pas sur les moyens. A titre d'exemple, les prix les plus élevés d'une boîte de comprimés de psychotropes semblent être appliqués à Annaba (1558,7 DA en moyenne) contre 1495,7 DA à Alger et 955DA à Oran. Eu égards aux chiffres annoncés, il devient urgent, conclut l'enquête, de mettre en place des stratégies et des actions visant la réduction du risque de transmission du VIH/SIDA auprès des usagers de drogue injectable tel que prévu lors de la réunion de Rabat. « En effet, aujourd'hui, il n'existe pas en Algérie des actions de prévention ciblant ce groupe à risque », souligne Dr. Adel Belloum, secrétaire général d'AnisS.