La région est devenue une plaque tournante des éléments d'AQMI, fuyant la pression qui s'exerce sur eux dans leurs fiefs traditionnels. Béjaïa De notre bureau Une vaste zone de la chaîne des Bibans, comprise entre les wilayas de Bouira, Béjaïa, Bordj Bou Arréridj et Sétif, fait actuellement l'objet d'une opération de ratissage de grande envergure par les forces combinées appuyées par des patriotes. Enclenchée depuis le début de la semaine dernière, cette opération, qui s'est déjà soldée par l'élimination de deux dangereux terroristes, a été décidée après que plusieurs groupes appartenant à la phalange de katibat El Forqane, eurent été signalés dans cette zone boisée au relief accidenté. Les circonstances de l'accrochage qui ont permis l'élimination des deux terroristes, telles que nous avons pu les reconstituer, selon divers témoignages dignes de foi, concordent à dire que ce sont des éléments de la garde communale qui sont à l'origine de ce succès militaire. En effet, postés derrière le dispositif de bouclage pour surveiller d'éventuelles exfiltrations, les gardes communaux ont d'abord aperçu un homme tentant de se réchauffer près d'un feu de bois dans un ravin. Zone de transit Après plusieurs minutes d'observation, il s'est avéré que cet homme était en compagnie de plusieurs compagnons abrités sous une bâche de plastique pour se couvrir de la pluie. C'est probablement là qu'ils avaient passé la nuit. Il s'est également avéré que c'était un groupe de 7 terroristes bien armés. Ces derniers ont été accrochés lorsqu'ils ont décidé de se déplacer, allant tout droit dans la direction des gardes communaux qu'ils n'avaient pas repérés. Les gardes ont abattu sur le coup l'un des terroristes alors que ses complices se sont délestés de leurs sacs à dos avant de disparaître dans la nature. Une kalachnikov, une grenade, deux téléphones portables et divers documents d'importance ont été récupérés sur le corps du terroriste abattu. Ceci laisse supposer qu'il devait être assez bien placé dans la hiérarchie d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). Un sac à dos retrouvé était maculé de taches de sang, indiquant que l'un des autres terroristes, au moins, était gravement blessé. Son corps sera d'ailleurs retrouvé beaucoup plus tard. Traîné par ses complices sur une longue distance, il sera retrouvé dans un ravin, mort des suites de ses blessures ou peut-être achevé par ses compagnons. L'un des patriotes, que nous avons pu interroger, regrettera que les gardes communaux et beaucoup de ceux qui se sont investis dans la lutte antiterroriste ne soient armés que de vieilles pétoires et de Seminov ayant fait leur temps. Le groupe terroriste accroché était probablement en transit dans la région, ce qui confirme une fois encore que les Bibans sont devenus une plaque tournante des éléments d'AQMI, fuyant la pression qui s'exerce sur eux dans leurs fiefs traditionnels. Cet épisode survient quelques semaines après la découverte de casemates en cours d'aménagement dans les forêts de Moka, au-dessus d'Ighil Ali et quelques jours seulement après l'élimination d'un groupe de quatre terroristes à Allaghane. Manque de coordination Ce dernier fait, on s'en souvient, avait malheureusement causé la mort du commandant du secteur militaire de Béjaïa et du brillant colonel Athmane qui avait à son actif des centaines d'opérations antiterroristes sur tout le territoire national. Revenant sur cette tragique perte, l'une de nos sources relèvera un manque de coordination des diverses forces engagées dans la lutte antiterroriste. La perte tragique des deux hauts officiers a eu lieu au moment où le dispositif de bouclage venait d'être levé. En dernier recours, les deux gradés avaient décidé d'inspecter une cabane devant laquelle tout le monde était passé sans se douter que les deux terroristes recherchés étaient cachés à l'intérieur. Ces derniers avaient pratiqué de minuscules trous dans les quatre murs de la cabane, assez grands pour voir ce qui passait dehors et glisser le canon d'une kalachnikov. C'est ainsi que l'émir El Mig et son complice ont pu tirer sur les deux officiers au moment où ils s'approchaient d'eux. Selon une source proche du commandement militaire en charge de l'opération, katibat El Forqane, qui active jusque dans la wilaya de M'sila, s'est scindée en plusieurs groupuscules ne comprenant pas plus d'une dizaine d'éléments. Ces groupes auraient jeté leur dévolu sur les Bibans et précisément la région de Boudjellil et Ighil Ali qui comptent de très vastes forêts, pour la bonne raison qu'elle est dépourvue de barrages fixes, de cantonnements militaires et de casernes tout en permettant facilement l'accès à plusieurs wilayas névralgiques.