Comme l'a fait remarquer son avocat, K. Mohamed, âgé de 22 ans, a plus l'air d'une victime que d'un accusé. Ce dernier, un grand blond aux yeux verts comparaissait, en fait, le 11 novembre dernier devant le tribunal criminel, pour attentat à la pudeur sur un garçonnet. Sa victime, la vraie, B. Mustapha, était âgée d'à peine huit ans à l'époque des faits, soit l'après-midi du 17 février de l'année en cours. Les résultats de l'expertise médicale ont confirmé les sévices sexuels, subis par cet enfant dans l'arrière boutique du magasin de ce mis en cause, situé dans la commune d'Es Sénia. La vengeance aurait motivé cet acte bestial. Selon les faits consignés sur l'arrêt de renvoi, à l'origine de cette affaire de pédophilie, une somme de 3000 dinars, représentant le montant d'une dette contractée par le père du garçon, en s'approvisionnant à crédit chez l'accusé. « C'est une machination orchestrée par sa famille à qui je devais de l'argent. Je suis innocent Monsieur le juge », glapit l'accusé à la barre, devant le regard terrifié de sa victime, accrochée aux pans de son père. Apparemment décontenancé par l'inflexion nerveuse de la voix fluette du prévenu, le président du tribunal s'adresse à l'enfant : « Racontez-nous comment cela s'est passé. » Le regard apeuré du garçonnet heurte celui de son père qui hoche la tête. « Il m'a enfermé dans l'entrepôt, derrière son magasin. Il est revenu un moment plus tard pour m'enlever le pantalon », explique la petite victime, vraisemblablement embarrassée par la présence de l'accusé à ses côtés. Le représentant du ministère public a mis en évidence les déclarations contradictoires du prévenu par rapport à celles qu'il a faites devant le juge d'instruction avant de conclure en requérant une peine de 12 années de réclusion criminelle. La défense a axé sa plaidoirie sur l'absence d'antécédents judiciaires en tentant de minimiser les faits. Au terme des délibérations, le tribunal criminel a condamné K. Mohamed à 7 ans de réclusion.