Oran Comme s?il n?avait rien à se reprocher, l?accusé, sûr de lui, affronte la cour, un sourire moqueur au coin des lèvres. C?est par une belle journée du mois d?avril dernier que le procès s?est déroulé à la cour criminelle d?Oran. La victime, une vieille femme d?une soixantaine d?années, a du mal à maîtriser sa peine et sa colère. ? «Monsieur le président, cet homme est un monstre. Je n?oublierai jamais cette nuit où il m?a fait subir les pires sévices sexuels. Je n?oublierai jamais?» Imperturbable, l?accusé, M. M., 36 ans, pose sur la victime un regard indifférent, froid? Il a l?air de dire : «Je n?ai rien à me reprocher, libre à vous de croire ou non cette espèce d?écervelée?» D?ailleurs, c?est sans peine qu?il répond aux questions qu?on lui pose. ? «Avez-vous porté atteinte à l?honneur de cette malheureuse vieille femme ? ? «La vieille était consentante vu que l?on se connaissait parfaitement bien. Ce n?était pas la première fois que je me rendais chez elle, étant un habitué des lieux?». Une déclaration appuyée par un sourire moqueur. Les faits de cette affaire remontent au mois de novembre 2003. L?accusé, quelque peu éméché, tambourine à la porte de la vieille B. K., âgée de 60 ans. ? «Comment pourrais-je oublier cette nuit d?horreur ? Nous dormions, ma fille et moi, lorsque ce monstre a frappé à la porte de la villa. Il s?est fait passer pour mon fils aîné, et dès que je lui ai ouvert, il s?est jeté sur moi et m?a fait vivre des moments ignobles. C?est un monstre. ? Que s?est-il passé ensuite ? ? J?ai hurlé si fort que ma fille, à l?étage, a alerté le voisinage en ouvrant les fenêtres.» La vieille dame a du mal à respirer et à maîtriser une nouvelle crise de nerfs. Ainsi, M. M. est arrêté par une patrouille de gendarmes alors que, paniqué, il s?apprêtait à prendre la fuite. Malgré les faits retenus contre lui, l?accusé continue cependant sur sa lancée : «Je vous répète que je suis un habitué des lieux et que la vieille était consentante !» L?avocat de la défense appuie ses dires : «Mon client était un habitué et un adepte des soirées qu?organisait la victime très souvent. Je demande la relaxe pure et simple de mon client. Il n?y a pas eu viol puisque B. K. était consentante.» Le représentant du ministère public requiert, pour sa part, une peine de huit années de prison ferme. La cour se retire pour délibérer et rend enfin son verdict : elle condamne M. M. à une peine de trois ans de prison ferme.