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Avec les forces combattantes
Publié dans El Watan le 31 - 05 - 2016

En Algérie même, en cette année 1956, toutes les forces politiques du pays — y compris celles qui ne comptaient pas vraiment, comme les pseudo élus administratifs — se rallièrent au combat du FLN-ALN et du peuple qui, depuis le 20 août 1955, avait totalement basculé du côté des révolutionnaires, à l'exception des messalistes.
En mai 1956, une décision d'une extrême importance avait été prise par la section d'Alger de l'UGEMA : la grève illimitée des étudiants à partir du 19 mai, suivie par celle des lycéens, pour signifier le refus de la politique de répression outrancière. Effectivement, avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres, pouvait-on lire dans le tract annonciateur de la grève, qui enjoignait également le ralliement massif aux forces combattantes que dirige le FLN.
A Montpellier, cette décision n'a pas été accueillie unanimement, du moins au début. Pour ma part, j'avais recommandé à Khemisti — qui devait se rendre à Paris où devait se tenir une réunion des responsables de l'UGEMA — de défendre très fermement et sans ambiguïté le principe du oui à la grève, non à une grève illimitée. Etait-ce là la position de notre section ? Je ne m'en souviens plus ; mais je pensais alors que la situation en Algérie avait atteint un point de non-retour et qu'il fallait commencer à songer aux cadres dont l'Algérie aura grandement besoin, demain.
Erreur d'analyse ? Peut-être car, pour certains, la guerre n'était pas encore gagnée, et, avant de penser à l'après-guerre, encore convenait-il de réussir d'abord le présent… Possible, mais j'ai toujours pensé — et je le pense encore aujourd'hui —, que ce qui est excessif peut être dangereux. On le verra avec la grève des 8 Jours du 28 janvier 1957 …
De retour de Paris, Khemisti réunit aussitôt le bureau de la section pour un compte-rendu. Impossible de faire marche-arrière, nous rapporta-t-il. A Alger, la situation était devenue invivable. Le climat de terreur, d'abord limité aux campagnes, gagnait de plus en plus les villes, en particulier Alger, avec l'assassinat d'étudiants, l'agression par des étudiants pieds-noirs du professeur André Mandouze, qui ne dût son salut qu'à l'intervention énergique des étudiants algériens. Khemisti termina son rapport en affirmant qu'il était désormais impossible de ne pas faire grève, une grève illimitée…
Alors, avais-je dit, puisque c'est ainsi, allons-y pour la grève illimitée et faisons ce qu'il faut pour sa pleine réussite. Une assemblée générale fut aussitôt réunie et les débats s'engagèrent non plus sur le principe de la grève, même illimitée, mais sur ses modalités. Si Khemisti se chargea de répondre aux questions relatives à la réunion de Paris, il m'échut la mission d'expliquer les tenants et les aboutissants de la grève, malgré ma position de départ.
Un étudiant en médecine souleva la question d'un éventuel remplacement pendant la grève. Je lui répondis que si la grève a été décidée, ce n'était pas pour rester en France, mais bien pour participer à la lutte, quelles qu'en soient les modalités. Je dois dire que le principe de la grève illimitée a été adopté par l'assemblée générale. A une écrasante majorité, les 106 étudiants de Montpellier venaient de rejoindre cette grande grève patriotique du 19 Mai 1956, qui fera date dans l'Histoire de l'Algérie combattante et du mouvement étudiant.
Dans le sillage de la grève des étudiants, les lycéens lancèrent la leur ; et c'est ainsi que, dans un sublime élan de mobilisation unitaire, l'Algérie allait affronter son Destin, reprendre et poursuivre le combat de la dignité et de l'honneur. Mais rien de commun cette fois avec les grandes révoltes patriotiques du siècle passé : c'est d'une guerre de Libération nationale qu'il s'agit cette fois-ci, c'est-à-dire d'une guerre entraînant tout un peuple dans un mouvement organisé et unitaire et non plus spontané et régional. Les étudiants algériens de Montpellier et d'ailleurs allaient s'éparpiller, rejoignant qui l'Algérie, qui la Tunisie ou le Maroc. Je n'ai pas souvenance d'une ultime assemblée générale avant notre dispersion. Nous sommes partis vers de nouveaux destins lesquels, s'ils devaient diverger sur le plan individuel, n'en convergeront pas moins vers un seul objectif, libérer l'Algérie.
Une page venait d'être tournée dans la vie des étudiants algériens de l'époque. A la phase de prise de conscience et d'une sensibilisation progressive de l'opinion française, succéda celle d'un engagement plus grand, plus profond, qui n'exclura pas les sacrifices les plus grands, y compris le sacrifice suprême, celui de la vie. Les survivants de la grande épopée du peuple algérien savent que beaucoup de leurs camarades ont payé au prix fort leur patriotisme intransigeant.
Je rappelle que sont tombés au champ d'honneur : Amara Rachid, Rachid Belhocine, Yahia Farès, Bakir Gueddi, Ahmed lnel, Issâd Hassani, Taleb Abderrahmane et tant d'autres» ; ont rejoint le maquis comme médecins-chefs de wilaya, Lamine Khane, Mahmoud Atsamena, Youcef Khateb (colonel Hassane, chef de la Wlilaya IV), Smaïl Dahlouk, Mustapha Laliam, Mohamed Toumi ; ont connu la rigueur de la prison et des camps de concentration, Ahmed Aroua, Pierre Chaulet, Messaoud Djennas, Larvy Hacheman, Mohamed Khemisti, Mokhtar Kharroubi, Bachir Ou Id Rouis, Amin Zighoud ; ont rejoint l'ALN des frontières des centaines d'étudiants et de lycéens.
Par ailleurs, qui ignore aujourd'hui le rôle majeur joué par des étudiants grévistes de 1956, notamment Belaïd Abdesslam, Mohamed Seddik Benyahia, Zohra Drif, Meriem Benmiloud, Messaoud Aït Châlal, Mohamed Harbi, Rédha Malek, Ahmed Taleb Ibrahimi ? Je ne peux citer ici le millier de grévistes du 19 Mai 1956. Mais l'Histoire a déjà rendu son verdict : l'apport considérable de la jeune élite algérienne à la libération de l'Algérie et à l'édification du jeune Etat.


Par : Messaoud Djennas : Docteur, professeur honoraire


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