Ce qui devait être un centre de transit a finalement perduré et est devenu un cauchemar pour ses occupants. Le wali d'Alger sera accueilli par des habitants en colère à l'occasion de l'inauguration, très prochaine, du nouveau siège de l'APC de Bachedjerrah. Les résidants de la cité Boumaâza 1 menacent d'organiser une action de protestation pour attirer l'attention du premier magistrat de wilaya sur leurs conditions d'hébergement. « Ils nous ont oubliés dans ces ghettos depuis plus de 40 ans, on en a marre de survivre dans des studios de fortune », dénoncent-ils. Aujourd'hui, les abris qu'ils occupent sont vétustes et les autorités locales « continuent d'ignorer » leurs doléances, racontent nos interlocuteurs. Rencontrés dans leur quartier de miséreux, les habitants de la cité Boumaâza 1 se qualifient de « laissés-pour-compte ». La cité, construite dans les années 1960, est composée de 26 immeubles de deux étages, chaque étage comprend six appartements. Et quels appartements ? « Ce sont des studios d'une chambre, un petit couloir et un réduit transformé en cuisine ainsi que de minuscules WC », relèvent nos interlocuteurs. La quasi-totalité de ces studios sont occupés par plusieurs familles. « Les pères, les sœurs, les frères… et leurs enfants. » Aux immeubles qui tombent en ruine se sont greffées des baraques. Dans les années 1970, lors de la réalisation du tunnel de Oued Ouchayeh, ces constructions ont été sérieusement endommagées par les travaux. A cela il faut ajouter les effets du séisme de 2003. Les habitants indiquent que ces immeubles ont été conçus pour une durée de vie ne dépassant pas les 10 ans. Cependant, ce qui devait être un centre de transit a finalement perduré et devenu un cauchemar pour ses occupants. Pourtant, la société italienne ayant réalisé le tunnel a explicitement signifié aux autorités algériennes que cette cité présente un vrai danger pour cette infrastructure routière et a recommandé sa délocalisation, croit-on savoir. Et pour cause, la cité Boumaâza 1 est située au-dessus même du tunnel, ce qui constitue une « charge » sur l'ouvrage. Les habitants racontent qu'ils entendent, de leurs foyers, l'écho des véhiculent en circulation. Au fil des années, la mise en garde des Italiens s'est avérée vraie. De nos jours, des fuites d'eau provenant de la cité Boumaâza, dont le réseau d'assainissement est défaillant, menace le tunnel de Oued Ouchayeh, nous explique-t-on. Il y a quelques semaines, pour la énième fois, cette agglomération a été inondée par les eaux usées. « Ce jour-là, c'était un samedi, nous avons failli bloquer la route », révèle un jeune citoyen, affirmant avoir « beaucoup souffert en silence ». Les habitants de la cité Boumaâza 1 ne croient plus en leurs responsables locaux. « A chaque élection, ils viennent nous faire des promesses, mais une fois élus, on ne les revoit plus », regrette un homme d'un certain âge. « Nous n'avons pas cessé de leur fournir des dossiers de relogement, en vain… », ajoute-t-il. C'est pourquoi, d'ailleurs, ils veulent interpeller directement le wali de la capitale qu'ils espèrent rencontrer à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège de l'APC, dont les travaux sont à leur phase finale.