– Me Nouredine Benissad, président de la Ligue des droits de l'homme : «La méconnaissance de la loi est au même niveau que la corruption» «La loi est très claire. Le témoignage de la femme est le même que celui de l'homme», affirme Me Noureddine Benissad, président de la Laddh. De l'avis de ce juriste, il y a un double niveau qui donne lieu à ce genre de pratiques. En premier lieu, l'avocat cite l'incompétence des agents administratifs. Me Benissad estime que la méconnaissance de la loi est devenue «un phénomène aussi important que celui de la corruption». Il explique également ces dérapages par les attitudes de certains «gardiens du temple qui se donnent le droit de pratiquer la loi selon leurs convictions religieuses». L'avocat confirme que la femme a le droit de signer une autorisation à son enfant afin de pratiquer un sport, de même qu'elle peut voyager avec lui. – Me Fetta Sadat, secrétaire nationale aux droits de l'homme du RCD : «C'est le fonctionnement anarchique du service public» De l'avis de maître Fetta Sadat, c'est le code de la famille qui constitue un frein à l'égalité entre l'homme et la femme. «Du point de vue du droit positif, la femme a les mêmes droits que l'homme», rappelle cette avocate. Et d'ajouter : «La femme ne peut pas avoir la pleine citoyenneté dans le code de la famille qui lui consacre le statut de mineure.» Me Sadat relève aussi le problème de mentalité, estimant que c'est une sorte de culture sociale qui n'a pas de base juridique. Notre interlocutrice reconnaît l'existence des résistances malgré les réformes apportées au code de la famille. L'avocate qualifie le refus de l'APC d'Alger-Centre pour le témoignage de la femme comme étant une atteinte grave aux lois de la République. «Si aujourd'hui on refuse un tel acte à la femme, demain ça sera une atteinte à d'autres couches fragilisées telles que les personnes âgées», estime-t-elle. Me Sadat dénonce à cette occasion un autre cas d'atteinte à la loi. «Depuis l'amendement du code de la famille, la femme a le droit de choisir son tuteur, alors que dans certaines communes, on continue à exiger que le tuteur soit le père. C'est une résistance à la réforme», relève-t-elle.