Femmes, hommes, jeunes, enfants, personnes handicapées ; toute cette incroyable marée humaine venue assister à la clôture de la 1re édition des nuits du monologue du MTK (Mouvement théâtral de Koléa) qui s'est déroulée le mercredi soir au niveau de « l'étroit » amphithéâtre de l'ENI (Ecole nationale des impôts), ne voulait pas quitter les lieux à la fin, tellement la qualité des spectacles dépassait leur imagination. Letib Mohamed à la barre technique veillait à la balance des sons et l'harmonie des lumières. La silhouette imposante de Yanina Mohamed, collée au perron de la scène, dévoilait le stress de ce cadre du MTK. La tête pensante de l'association « MTK », Youcef Taouint, une personne modeste, était figée au seuil du vestiaire qui se trouvait derrière la scène. Elève du MTK et comédien à la fois, Hamoudi Bilal désigné président de cette 1re édition des Nuits du monologue se démenait comme un beau diable pour assister les vieilles personnes (hommes et femmes) à trouver une chaise au niveau de la salle, avant le début du spectacle. La soirée débute par l'interprétation d'un monologue intitulé Les Méfaits du tabac. Benaïbouche Idir, avec son allure d'intellectuel, a présenté son mémoire de fin de stage à l'Ismas (Institut supérieur de musique, d'art et de spectacles) d'Alger, adapté à partir d'un texte de Tchekhov Antoine. Dans un arabe littéraire, Benaïbouche Idir, usant de sa pédagogie, a occupé la scène pour nous définir le chiffre « 13 » qui porte la poisse, jusqu'à ce qu'il souhaite voler dans le ciel afin de contourner les cauchemars. Orateur durant la vingtaine de minutes, l'étudiant de l'Ismas a étalé sa volonté et son art pour sensibiliser, à sa manière, le public des méfaits du tabac sur la santé de l'homme et de la société. Néanmoins, Benaïbouche Idir n'a pas manqué de faire une remarque à l'égard d'une poignée de jeunes impertinents enfouis au milieu de l'assistance, pour afficher sa personnalité et son caractère. « Le public doit observer le silence pour ne pas perturber le comédien lors de son passage sur scène », déclare-t-il, ceux qui ne veulent pas écouter, qu'ils s'en aillent pour ne pas gêner les personnes qui sont venues pour assister au spectacle. « Pourtant, avant de venir, on m'avait dit que le public de Koléa est un connaisseur du 4e art », conclut-il. Un tonnerre d'applaudissements a suivi les remarques du jeune artiste de l'Ismas. Avant d'enchaîner avec la 2e partie de la soirée, la petite Tabet Sarah qui pratique la gymnastique artistique a été invitée par l'animatrice Houria. Celle-ci déclame quelques poèmes avant de se mettre au service de Sarah. Sur scène, pas du tout impressionnée, à l'aide de sa flûte, la petite Sarah a emballé et a étonné le public qui écoutait, dans un silence religieux, des airs de musique classique. Les étoiles du MTK, 2 comédiennes et 5 comédiens, tous universitaires à Alger et Blida, font leur apparition sur scène, en dansant sous les rythmes endiablés et mélancoliques des airs musicaux. Kadhem El Ghaïdh constitue une pièce théâtrale qui traite la situation dramatique vécue par les citoyens algériens. Le public avait un miroir en face de lui. Youcef Taouint a conçu des expressions et une chorégraphie qui ont capté les esprits des centaines de personnes qui se sont entassées à l'intérieur de l'amphithéâtre de l'ENI. Chaque spectateur se reconnaissait au fil de la production des jeunes talentueux artistes du MTK. Mariage forcé, corruption, drogue, alcoolisme, la dictature des bureaucrates, des ennemis de l'Algérie qui gravitent au sein des cercles de décision des institutions hélas prisonnières de la loi de l'argent, le désarroi de la jeunesse, l'absence de perspectives pour les jeunes générations, tentative de suicide, faux et usage de faux pour accaparer les biens immobiliers des pauvres familles, chômage, harraga, l'amour impossible dans une société qui court derrière le confort matériel au détriment de la bonne conscience, une halte à la mémoire des chouhada qui se sont sacrifiés pour le bonheur du peuple, autant de thèmes abordés par cette pièce de théâtre qui a été primée dans diverses manifestations culturelles à travers les wilayas du pays.