L'annonce a été faite hier par le nouveau ministère délégué auprès du ministre des Finances, chargé de l'Economie numérique et de la modernisation des systèmes financiers, Mouatassem Boudiaf. «Nous sommes en train de réunir toutes les conditions pour libérer le paiement par internet pour les grands facturiers et les compagnies de transport en septembre prochain. Ce sera une première phase qui sera suivie, dans le futur, par une deuxième étape pour les sociétés de services, et une troisième phase qui est celle de la généralisation», a affirmé M. Boudiaf, dans un entretien accordé à l'APS. L'annonce du nouveau ministère délégué chargé de l'Economie numérique intervient dans un contexte où la mise en œuvre du paiement électronique se fait toujours attendre en Algérie pour des raisons à la fois d'ordre structurel et réglementaire. Sur ce dernier point, le ministre a révélé récemment que le paiement électronique nécessitait l'aval de la Banque d'Algérie pour autoriser le transfert monétique via internet. Le ministère de la Poste et des TIC avait expliqué que la non-obtention de l'autorisation de la Banque d'Algérie par son ministère est due au vide juridique régissant la certification et le commerce électroniques. Le nouveau responsable saura-t-il baliser le terrain pour la mise en œuvre du paiement électronique, tant attendu par les opérateurs économiques et le citoyen lambda ? Mouatassem Boudiaf saura-t-il surtout accorder son violon avec celui de Houda-Imane Feraoun, laquelle propose carrément au gouvernement de passer directement au paiement mobile ? Une chose est sûre, la future loi sur le e-commerce en cours d'élaboration va permettre de généraliser le commerce électronique en Algérie, «en encadrant de manière très précise les transactions commerciales sur le cyberespace», selon les propos de Mouatassem Boudiaf. L'ancien responsable du GIE-monétique a informé également que le paiement de proximité fait l'objet d'une extension du réseau d'acceptation TPE (terminaux de paiement électronique), une opération qui sera adossée à la mise en place des canaux d'interaction au profit des porteurs et des commerçants, ainsi qu'à une campagne de sensibilisation à l'usage de la carte de paiement électronique. Mais là encore, l'Algérie accuse un immense retard comparée à ses voisins. Le taux de pénétration de paiement par carte bancaire ne représente que 1% des transactions bancaires. On dénombre seulement 2980 TPE, dont une centaine génère des transactions. Si le parc national comprend 1,4 million de cartes de paiement, seulement 25% sont actives en retrait et en paiement. D'après M. Boudiaf, la généralisation des moyens de paiement modernes aura un effet catalyseur sur l'économie informelle. «Nous allons catalyser l'économie informelle qui sera, à terme, implicitement entraînée dans cet élan de bancarisation de l'économie», a-t-il expliqué. Globalement, le nouveau ministre délégué chargé de l'Economie numérique a affirmé avoir fixé comme priorité la mise en place d'un «écosystème» de l'économie numérique et d'assurer sa «profitabilité» à l'économie nationale. «C'est un projet de société à caractère transversal, qui nous concerne tous de manière générale, mais plus particulièrement certains acteurs», a-t-il précisé, notant que la modernisation des systèmes financiers concernera toutes les entités relevant du secteur des finances mais touchera en premier lieu les banques, les Domaines, les impôts, le budget, et les Douanes. Tout un programme !