Le gouvernement lancera officiellement, aujourd'hui à Alger, le e-paiement, un service de paiement électronique, après un long retard marqué notamment par des tergiversations au sein de l'Exécutif. La cérémonie de lancement, organisée par l'Association des banques et établissements financiers (Abef), sera rehaussée par la présence du ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, de la ministre de la Poste et des TIC, Imane Houda Feraoun, du ministre délégué chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers, Mouatassem Boudiaf, et du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal. La rencontre sera aussi l'occasion pour de nombreux grands facturiers — Algérie Télécom, Mobilis, Air Algérie, Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal), Djezzy, Oeredoo et Amana Assurances — d'annoncer l'entrée en service du paiement par internet. Il s'agit là d'une première fournée, puisque d'autres entreprises permettront à leurs clients ou abonnés de procéder au règlement de leurs factures, à l'achat d'unités téléphoniques ou de billets d'avion et à la souscription d'une assurance voyage par carte interbancaire (CIB) à travers leur site web 24h/24 et 7j/7, selon l'Abef. Du côté des institutions, onze banques vont assurer à leur clientèle le service de paiement électronique, a affirmé hier Mouatassem Boudiaf, cité par l'APS. «Il s'agit des six banques publiques ainsi que cinq banques privées», a-t-il déclaré, précisant que les services de son département avaient mis en place «des canaux d'interaction en vue d'instaurer la confiance dans l'usage de la carte de paiement électronique». Il s'agit de la mise en service d'un portail web devant permettre aux clients de commander leurs cartes et mots de passe, de situer les terminaux de paiement, les distributeurs automatiques de billets (DAB) et les cybermarchands concernés et d'expliquer les règles d'un bon usage sécurisé des cartes de paiement électronique. Annoncé à maintes reprises par les officiels, dont l'ancien ministre des Finances, pour l'été 2015, l'entrée en vigueur du e-paiement, longtemps attendu par les Algériens, notamment par les opérateurs économiques, a été retardée pour des considérations d'ordre structurel et réglementaire. Dans le cas du mode de paiement classique par carte bancaire, l'on dénombre seulement 2980 terminaux de paiement électronique, dont une centaine seulement génèrent des transactions ; le taux de paiement par carte bancaire ne représente que 1% des transactions bancaires. Le parc national comprend 1,4 million de cartes de paiement, dont seulement 25% sont actives en retrait et en paiement. Commentant le retard accusé par l'Algérie dans le lancement du paiement via internet, la ministre de la Poste et des TIC révélait récemment qu'il nécessitait l'aval de la Banque d'Algérie pour autoriser le transfert monétique via internet. Dans son explication, Mme Feraoun affirmait que la non-obtention de l'autorisation de la Banque d'Algérie par son ministère était due au vide juridique régissant la certification et le commerce électroniques. Si le projet de loi relatif à la signature et à la certification électroniques a été adopté fin août dernier, le projet de loi relatif au e-commerce dont dépend le lancement du paiement électronique attend toujours son adoption et devrait être soumis au gouvernement avant la fin de l'année. Outre ces considérations, des dissensions au sein du gouvernement étaient apparues au grand jour à propos même de la justesse du e-paiement. En septembre dernier, la ministre de la Poste jugeait publiquement que ce serait une «erreur monumentale» d'aller vers le e-paiement dans un contexte économique mondial tourné vers l'inclusion des petites bourses à travers le mobile. La ministre avait proposé au gouvernement de passer directement au paiement mobile (transactions par mobile). Quelques semaines plus tard, le nouveau ministre délégué chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers la désavouait en annonçant le maintien du projet du e-paiement et son lancement au plus tard pour fin septembre.