Les professionnels entendent mener une bataille auprès des élus. Veillée d'armes au quartier général des experts-comptables, des comptables agréés et des commissaires aux comptes. Les pouvoirs publics entendent administrer la profession et limiter l'autonomie des professionnels de la comptabilité, en élaborant un projet de loi très controversée, relative aux professions d'experts-comptables, de commissaires aux comptes et de comptables agréés. Selon Mohamed Lamine Hamdi, président de l'Ordre des experts-comptables, des comptables agréés et des commissaires aux comptes, « la nouvelle loi portant réforme de la profession est un danger de taille pour l'autonomie des professionnels et l'économie nationale. C'est la notion de la profession libérale qui est remise en cause par le projet de loi en question », déclare le chef de file des experts de la comptabilité, rencontré dans les locaux de son association. Selon M. Hamdi, les professionnels de la comptabilité « sont frustrés et désappointés, vu que ce projet de loi a été fait dans la précipitation et sans concertation avec les premiers concernés ». Ainsi, les experts-comptables, les commissaires aux comptes et les comptables agréés étaient pris de court, alors qu'ils étaient occupés par la mise en œuvre du nouveau plan comptable et financier. « Les initiateurs de ce projet semblent être animés d'une espèce de rancœur à l'encontre de la profession. Les professeurs de la comptabilité sont, à titre d'exemple, carrément exclus de l'exercice de la profession comptable. Nous constatons également une volonté délibérée d'affaiblir la profession par son émiettement. Le projet de loi sépare le corps des experts-comptables de celui des commissaires aux comptes et des comptables agréés. Nous allons vers une situation où le corps des experts-comptables se réduira comme une peau de chagrin », explique également, Mohamed Lamine Hamdi. Cette situation va conduire, selon lui, à l'insuffisance des effectifs des experts-comptables et ceux des commissaires aux comptes. Cette insuffisance inciterait, par la suite, à l'ouverture de la profession comptable aux étrangers, un danger de taille susceptible « d'exposer l'économie nationale aux risques d'espionnage et de transferts de devises », avertit M. Hamdi, « bien que le gouvernement ait refusé l'article qui autorise l'exercice de la profession comptable par les étrangers ». Ce dernier s'interroge sur « l'intérêt » d'introduire ce projet de loi dans cette phase marquée par l'adaptation de la comptabilité algérienne aux normes universelles. Il y a une espèce de contradiction flagrante, d'après M. Hamdi. Car la mise en marche du nouveau système comptable et financier « est synonyme d'un acquis pour plus de transparence », alors que le projet de loi sur la refonte de la profession porte sur « son administration et son contrôle ainsi que la limitation de l'autonomie des professionnels ». En un mot, le porte-voix des professionnels de la comptabilité qualifie de « grave erreur » l'introduction, à la fois, de ce projet de loi portant réorganisation de la profession et des nouvelles normes comptables universellement admises. « Les professionnels sont peu disponibles à anticiper ce genre de procédés, mais nous ne comptons pas baisser les bras devant de telles attitudes », déclare le président de l'Ordre des experts-comptables, des commissaires aux comptes et des comptables agréés. L'enjeu est de taille pour les professionnels de la comptabilité. Après avoir soumis le texte de loi, de manière précipitée, à l'approbation de l'APN, les professionnels entendent mener une bataille auprès des élus afin de réduire le risque de voir la comptabilité sous le contrôle des institutions. « Il y va du bon fonctionnement de l'économie, de la protection de l'épargne et de la préservation de la profession », conclut M. Hamdi.