Ancien conseiller du PDG de Sonatrach, Mourad Preure estime que l'Algérie ne doit pas produire plus que ce qui est nécessaire à son développement. Dans un entretien accordé au quotidien Liberté, publié dans l'édition d'hier, M. Preure, qui est directeur du cabinet MP Strategy Consulting, a indiqué : « Nous devons produire ce qui est nécessaire pour financer notre développement, pas plus. Quel intérêt a-t-on à monétiser inutilement des réserves pour placer ensuite ces recettes dans des banques à l'étranger ? » Il a ajouté : « Des arbitrages doivent être faits, pour qu'ils tiennent compte du niveau réel des réserves et de la nécessité de préserver nos ressources pour les générations futures. » A propos du pétrole, il estime que « concernant les objectifs de production, je suis catégorique, c'est non. Nos réserves sont limitées. Elles sont estimées à 12 milliards de barils, soit 1% des réserves mondiales, et ont une durée estimée à 16,8 ans. Il faut moduler notre production dans une perspective de long terme. Faute de quoi, nous quitterons la scène en tant qu'exportateurs dans un délai très court ». Rejetant toutefois tout pessimisme, il a indiqué : « Nous espérons tous de bonnes surprises venant de l'exploration de notre sous-sol, à la condition qu'elle soit sérieusement impulsée, mais aussi de l'augmentation du taux de récupération de nos gisements. Je suis à cet égard contre tout catastrophisme. Notre sous-sol est peu exploré et nos ressources connues ont encore du potentiel. » A propos de l'objectif de produire 2 millions de barils de pétrole brut par jour, M. Preure considère que « si l'objectif de 2 mbj paraît clairement irréaliste en l'état actuel des connaissances de nos ressources, le niveau de 1,4 mbj tenu actuellement par l'Algérie demande, à mon avis, à être reconsidéré à la baisse en tenant compte néanmoins de nos engagements contractuels en amont et des contraintes opérationnelles de Sonatrach ». Concernant Sonatrach, M. Preure estime qu'« elle doit enfin, dans une perspective de patriotisme économique et une logique de préférence nationale, être un pôle de rayonnement et entraîner autour d'elle universités et recherche, mais aussi et surtout tout un tissu de PME nationales, en encourageant l'excellence et l'innovation », ajoutant que « tout cela est possible, j'en suis convaincu, même si ce sera difficile quand même, car nous avons pris beaucoup de retard et raté des fenêtres d'opportunités. Le pétrole est l'industrie où les miracles sont possibles et si nous faisons confiance à tout le potentiel humain de ce pays qui montre chaque jour son patriotisme, je suis sûr que nous accomplirons des miracles. Si nous le faisons, nous apporterons des perspectives insoupçonnées à notre pays ».