Trente-neuf ans après la nationalisation des hydrocarbures, l'Algérie demeure toujours dépendante de l'exportation de ses ressources énergétiques. Le constat est connu. Experts comme responsables économiques s'accordent en fait à dire qu'une telle situation est plus que dangereuse pour le pays. Les plus au fait du dossier affirment en outre que la dépendance aux hydrocarbures a augmenté de 70% dans les années 1970 à 98% actuellement. Ce qui ne prête guère à l'assurance… de soi ! Si la dépendance à ces énergies fossiles est perçue aujourd'hui comme une des faiblesses de l'économie nationale, certains observateurs et experts du secteur de l'énergie viennent en rajouter d'autres. En effet, pour le moment il est tellement difficile de vérifier les véracités de toutes les hypothèses concernant l'épuisement du pétrole même si depuis des années on ne cesse d'avancer des dates. Cependant, une chose est sûre : un jour,… ces ressources disparaîtront ! Ce débat reste tout de même d'actualité. Le ministre de l'Energie avait expliqué il y a quelques années : «Nous avons de bonnes réserves et personnes ne peut dire aujourd'hui combien il reste car nous ne les avons pas encore découvertes toutes». M. Khelil a souligné à ce propos que les réserves de l'Algérie en pétrole sont importantes et le territoire algérien, estimé à 1 750 000 km⊃2; de surface sédimentaire, n'est pas totalement exploité. Le premier responsable du département de l'énergie a estimé que ces réserves peuvent tenir jusqu'en 2080. Explication : pour Khelil les réserves formelles recensées sont aux alentours de 38 milliards de barils, soit le même volume qu'en 1971 et l'équivalent de 72 ans de production. Si pour le ministre de l'énergie l'optimisme est permis, d'autres experts ne cachent nullement leur pessimisme. Et c'est le cas du directeur du Centre d'études pétrolières et de la revue Pétrole et Gaz arabes, Nicolas Sarkis. Ce dernier ne cache pas que «l'Algérie allait devenir un importateur de pétrole» dans un proche avenir. Il a en fait expliqué que l'Algérie détient le plus faible taux de production et de réserves à l'OPEP et du fait de l'augmentation des besoins énergétiques internes, il ne pourra pas exporter dans un proche avenir des quantités importantes de pétrole». Moured Preure, directeur du cabinet MP Strategy Consulting, est du même avis même s'il n'est pas partisan des scénarios catastrophiques. Pour lui, l'Algérie devrait produire ce qui est nécessaire pour financer notre développement, pas plus. Plus explicite, il dira que «des arbitrages doivent être faits pour qu'ils tiennent compte du niveau réel des réserves et de la nécessité de préserver nos ressources pour les générations futures». Quoi qu'il en soit, une stratégie de sortie de l'économie nationale du statut de mono exportateur et du développement d'alternatives aux énergies fossiles s'impose. Les recommandations à ce sujet sont fort nombreuses : on cite principalement le plan national de développement des énergies renouvelables qui a été adopté pour la période 2008-2017 et qui prévoit la production de 17 000 mégawatts pour le marché local et 6 000 MW pour les besoins d'exportation. Les énergies renouvelables devraient ainsi représenter une proportion de 30% du plan énergétique national alors que la proportion est de l'ordre de 5% actuellement. L'Algérie recèle d'énormes potentialités sur ce plan. La durée d'ensoleillement est estimée, elle, à 3 500 h/an et les capacités du gisement solaire sont évaluées à 2 000 kwh/m2/an. S. B.