Cinquante années sont passées depuis l'opération « Gerboise Bleue » ou l'explosion de la première bombe atomique française dans le Sud algérien. C'était le 13 février 1960, et les victimes algériennes attendent toujours que justice soit faite. C'est cette triste célébration que le journal français le Parisien a choisie pour « révéler » que des soldats français ont été utilisés comme cobayes par leur armée. Citant un rapport de 260 pages datant de 1998 intitulé « La genèse de l'organisation et les expérimentations au Sahara », et attribué à une source anonyme, le Parisien affirme qu'« à sa lecture, on comprend aisément pourquoi, chaque ligne du rapport expliquant comment scientifiques et militaires veulent, à l'époque, obtenir la bombe, quel que soit le prix à payer, y compris humain. Gerboise Verte, le quatrième et dernier tir dans l'atmosphère, fait ainsi jouer les appelés du contingent à une véritable guerre nucléaire grandeur nature ». Ce rapport qui ne parle pas des victime s algériennes, du moins pas la synthèse qu'en fait le journal français, indique que l'objet des essais « devait permettre d'étudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l'homme par l'arme atomique, afin d'obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant moderne ». Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui réfute l'existence d'un tel rapport militaire, a rappelé l'adoption d'une loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Des indemnisations que l'Algérie a rejetées en demandant la levée du secret-défense au sujet de ces essais dont les victimes gardent à ce jour les séquelles. Les associations algériennes rejettent les indemnisations décidées à la faveur de la nouvelle loi adoptée en janvier dernier, en portant les revendications sur les maladies imputables aux essais et non sur les irradiations seulement. « Comment accepter ces indemnisations humiliantes, nos victimes viennent après les vétérans français et la population de Polynésie, alors que c'est notre population qui a souffert, qui a servi de cobaye à la France pour lui permettre d'acquérir l'arme nucléaire », indiquait dans la presse Abderrahmane Lagsassi, président de l'Association du 13 février. Dans une récente déclaration au Forum d'El Moudjahid, Ammar Mansouri, chercheur au Centre nucléaire d'Alger, affirme qu'il y a eu 57 explosions dans le Sud algérien et non pas 17 comme le souligne la France, il y a eu « quarante essais complémentaires, avec dispersion de plutonium », soutient-il.