Le mois de mars nous rappelle au souvenir d'Anissa, de Ahmed et de Rabah Asselah. Il règne souvent dans les cimetières une apaisante sérénité, mais celui de Garidi a beau dissimuler ses tombes sous un enchevêtrement d'herbes et de ronces, le recueillement sur les trois tombes d'Anissa, d'Ahmed et de Rabah inspire immanquablement un sentiment de révolte. Ce terrible sentiment de pertes injustifiables face auxquelles nous demeurons impuissants, accablés devant l'incompréhensible destin. A l'heure où le thème de l'amnistie et de la réconciliation rythme les discours et débats de la vie nationale, il serait bon ne pas oublier ceux qui sont « tombés » pour rien. Oublier, les oublier, c'est nier la vie qu'ils ont vécue, l'espérance qui les portait, la foi qui les animait. Anissa disait : « La mémoire, voilà ce qui importe pour notre pays, pour nos enfants, pour notre dignité. » Ta voix, tes silences aussi me parviennent de ces territoires lointains que tu as regagnés un mois de mars, ironie du sort ou clin d'œil du destin pour aller retrouver par-delà les portes, ceux que tu as tant aimés. Votre départ, pour ne pas dire votre mort, restera comme l'épouvantable tragédie qui rend toute chose vaine et futile. Pour tous ceux qui vous ont aimés, vous resterez à jamais présents dans les cœurs. Nezha Daoudi