Les parents de ces derniers étaient invités à la cérémonie, mais seule la veuve du commandant de bord Mohamed Abdou et ses deux enfants ont pu faire le déplacement jusqu'à la ville de Piacenza (Emilie-Romagne). Les deux fils du commandant de bord, Raouf, 15 ans, et Mohamed, 9 ans, ont été très émus par ce geste d'égard envers leur père et ses deux collègues. Mohamed, qui porte le prénom de son père, est né quelques semaines après l'accident et n'a donc jamais connu son père. Sa mère était enceinte quand elle a reçu la tragique nouvelle. La veuve de l'autre pilote, Mohamed Tayeb Bederina, a envoyé un message émouvant qui a été lu à l'occasion. Les années précédentes, lorsque la municipalité de Piacenza avait célébré l'anniversaire du crash (cérémonie devenue traditionnelle), Malika Bederina et ses deux enfants étaient présents. Son fils Mohamed Nazim était assez grand, en 2012, pour prendre la parole et décrire les qualités humaines de son regretté père. La troisième victime, le mécanicien Mustafa Kadid, a également été rappelée dans les interventions des présents. L'ambassadeur d'Algérie à Rome, Abdelhamid Senouci Bereksi, a déposé une gerbe de fleurs, portant le drapeau algérien, sur la stèle commémorative, érigée rue Marzioli, quartier Besurica, une année après le crash, par le maire de l'époque, Roberto Reggi. L'actuel maire de la ville, Paolo Dosi, était présent hier à la cérémonie et a déposé, lui aussi, une couronne de fleurs, tricolore, hommage de l'Italie à l'équipage disparu. Les représentants des secouristes et des forces de l'ordre, qui étaient intervenus le soir du drame, ont également participé à cet hommage posthume. Un imam, Mohamed Shemis, a lu la sourate El Fatiha et prié pour la paix des âmes des défunts. Un autre religieux, le curé de la ville, Don Franco Capelli, a tenu lui aussi à marquer cette occasion par ses paroles appelant à cultiver l'amour entre les cultures et les peuples. Le représentant d'Air Algérie en Italie, Nadir Abed, a également assisté à l'événement. Pour sa part, l'ambassadeur d'Algérie a rappelé le drame en rendant hommage à l'équipage : «Leur sacrifice héroïque a profondément marqué la population de Piacenza qui, en souvenir et en reconnaissance pour leur acte de bravoure, a érigé cette stèle. Cette cérémonie est réconfortante pour les familles et leur démontre que le souvenir de leurs chers n'est pas tombé dans l'oubli !» La compagnie Air Algérie n'a pas encore rendu publiques les conclusions de l'enquête. Du côté des investigateurs italiens, surtout les experts de l'Agenzia Nazionale per la Sicurezza del Volo (ANSV) qui ont mené l'enquête, les deux seules certitudes — telles que publiées dans la revue aéronautique qui reprend un rapport de l'ansv de 2006 — sont liées à l'origine de l'accident, dû à la panne survenue sur le système «autopilot» (pilotage automatique) qui, après avoir signalé «A/P Fail», a été déconnecté au bout de 12 secondes suivant le protocole prévu. Les pilotes avaient signalé cet incident et une fois la fonction «autopilot» désinsérée, l'appareil était hors de contrôle. S'en est suivie la perte rapide du contrôle directionnel et longitudinal. Et en 73 secondes, l'avion a viré d'un angle de 40 à 50 degrés, à une vitesse incroyable, entre 850-900 km/h, avant de s'écraser dans un terrain vague, à la périphérie de Piacenza. Par ailleurs, les débris trouvés au sol (voir El Watan du 19 juillet 2015) et le profond fossé créé par l'impact ont prouvé la destruction de l'appareil, au sol suite à sa perte d'altitude. Il faut dire que l'état piteux de l'enregistreur de paramètres de vol FDR (Flight Data Recorder), retrouvé quelques mois après l'accident, a ajouté aux difficultés de décryptage des données de navigation durant les dernières minutes. Sans attendre la fin de l'enquête, l'Ansv avait envoyé une recommandation à la direction générale de l'aviation civile algérienne, lui demandant d'appliquer la directive de l'Icao (International Civil Aviation Organisation) qui oblige à remplacer les vieux enregistreurs de paramètres de vol par des neufs, et ce, avant le 1er janvier 1995. Mais sur l'appareil d'Air Algérie, qui s'était écrasé à Piacenza et qui datait de plus de 25 ans, le FDR était très vieux, il appartenait à la première génération fabriquée dans les années soixante.