Des commandos israéliens ont souvent utilisé de faux passeports étrangers, notamment en 1997, lorsque des agents du Mossad avaient tenté en vain d'assassiner Khaled Mechaal. Londres va enquêter sur l'utilisation de faux passeports britanniques dans l'assassinat d'un cadre du Hamas à Dubaï, à propos duquel Israël reste ambigu alors que le Mossad est pointé du doigt. « Nous devons mener une enquête exhaustive à ce sujet. Le passeport britannique est un document qui doit être détenu de manière appropriée », a déclaré, hier, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, à une radio londonienne, alors que la police de Dubaï a affirmé que six des membres du commando qui a mené l'opération étaient détenteurs de passeports britanniques. « Il faut assembler les preuves pour savoir ce qui s'est passé, pourquoi et comment, et nous devons assembler ces preuves avant de faire un quelconque commentaire », a ajouté le chef du gouvernement britannique à propos des circonstances de l'assassinat de Mahmoud Abdel Raouf Al Mabhouh, le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï. Un parlementaire britannique, Menzies Campbell, a été plus loin en appelant le Foreign Office à convoquer l'ambassadeur d'Israël à Londres pour donner sa version des faits. Le Mossad, le réputé service secret israélien, est depuis le début de cette affaire sur la sellette, même si le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a maintenu le flou sur son implication. « Il n'y a aucune raison de penser qu'il s'agissait du Mossad israélien et pas des services secrets d'autres pays en train de faire des bêtises », a affirmé M. Lieberman mercredi. Il a assuré que cette affaire n'allait pas porter atteinte aux relations israélo-britanniques : « Je crois que la Grande-Bretagne reconnaît qu'Israël est un pays responsable et que nos activités en matière de sécurité sont menées en vertu de règles du jeu très claires, prudentes et responsables. Nous n'avons donc aucune raison d'être inquiets. » La main du Mossad La police de Dubaï a annoncé, lundi, que onze personnes munies de passeports européens (trois Irlandais, six Britanniques, un Français et un Allemand) étaient recherchées dans le cadre de l'assassinat de Mabhouh, l'un des fondateurs de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas. Londres, Paris et Dublin ont assuré qu'il s'agissait de faux papiers, et la presse israélienne a découvert que le commando avait vraisemblablement usurpé l'identité d'au moins sept Israéliens détenteurs de nationalités étrangères. « Je suis profondément choqué. Le monde entier se demande si c'est moi. (...) Peut-être que cela fait sourire certains, pour moi, ce n'est pas drôle », a affirmé l'un d'eux, Paul John Keeley (43 ans) qui vit en Israël. « Une chose est claire : je n'ai jamais quitté le pays », a-t-il ajouté, en précisant qu'il est toujours en possession de son passeport. En Israël, les médias mais aussi d'anciens hauts responsables du Mossad s'inquiètent de la tournure que prend l'affaire. « Une opération réussie ? Pas si sûr », a titré le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot. Le député Israël Hasson du parti Kadima (opposition centriste), ancien responsable du service de sécurité intérieure (Shin Beth), a de son côté annoncé qu'il demanderait à la commission des Affaires étrangères et de la Défense « d'enquêter sur ces usurpations d'identité ». Mabhouh, considéré par Israël comme un important pourvoyeur d'armes du Hamas et impliqué dans le meurtre de deux soldats israéliens, a en effet été éliminé et le commando est parvenu à prendre la fuite. Des commandos israéliens ont souvent utilisé de faux passeports étrangers, notamment en 1997 lorsque des agents du Mossad avaient tenté en vain d'assassiner Khaled Mechaal, un dirigeant du Hamas en Jordanie, où ils étaient entrés avec des passeports canadiens.