La police de Dubaï persiste et signe, apportant de nouveaux éléments impliquant le Mossad, le service secret israélien, dans l'assassinat du cadre du Hamas. Le chef de la police de Dubaï a indiqué hier que des passeports «diplomatiques» avaient été utilisés par le commando qui a tué un cadre du Hamas à Dubaï, alors que la pression augmente sur Israël dont les services secrets sont mis en cause. Il a également indiqué qu'une personne du proche entourage de Mahmoud al-Mabhouh, assassiné le 19 janvier dans un hôtel de Dubaï, avait informé le commando de ses mouvements. «Il y a des informations que la police de Dubaï ne veut pas rendre publiques pour le moment, notamment en ce qui concerne des passeports diplomatiques utilisés par des membres du commando», a indiqué le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, dans une déclaration au le quotidien de Dubaï, Al-Bayane. La police de Dubaï avait indiqué cette semaine que les membres du commando détenaient pour six d'entre eux des passeports britanniques, pour trois des passeports irlandais, auxquels s'ajoutent un passeport français et un passeport allemand. M.Khalfan s'était dit «certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l'assassinat» de Mabhouh. Dans l'enquête, «la coopération avec la Grande-Bretagne, la France, l'Irlande et l'Allemagne va bon train», a dit M.Khalfan dans Emarat Al-Youm, un autre quotidien de Dubaï. «Nos preuves sont multiples» et «les questions soulevées par la police de Dubaï ne peuvent pas être ignorées par les pays concernés par l'affaire». «Ce n'est plus une affaire locale, mais c'est une affaire de sécurité qui touche des pays européens», a-t-il commenté dans le quotidien d'Abou Dhabi, Al-Ittihad. Le ministère émirati des Affaires étrangères a convoqué hier les ambassadeurs des pays de l'UE pour leur signifier sa «profonde inquiétude concernant le mauvais usage des privilèges» accordés à «certains pays amis», dont les ressortissants n'ont pas besoin de visa pour entrer aux Emirats. Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications aux ambassadeurs d'Israël dans ces capitales sur les passeports utilisés par le commando. Mais le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Dany Ayalon a affirmé samedi qu'«Israël ne s'attend pas à une crise avec les pays européens (...) car Israël n'a aucun lien avec ce qui s'est passé». Le chef de la police de Dubaï a d'autre part qualifié de «mensonges» des informations de la presse israélienne selon lesquelles le commando avait effectué durant les trois derniers mois deux séjours à Dubaï, préalablement au meurtre. «La dernière visite des meurtriers a eu lieu il y a près d'un an», a-t-il assuré. Le Hamas a exclu toute infiltration des renseignements israéliens. «Le fait que Mahmoud al-Mabhouh ait été suivi par des agents du Mossad ne signifie pas que le mouvement est infiltré» par le Mossad, peut-on lire dans un communiqué du groupe palestinien à Damas. Le chef de la police de Dubaï a en outre conseillé au mouvement islamiste palestinien Hamas de mener «une enquête interne pour dévoiler la personne à l'origine des fuites sur les déplacements précis de Mabhouh au commando qui l'a assassiné». «Les informations sur la date d'arrivée de Mabhouh à Dubaï avaient été transmises au commando par un individu dans l'entourage le plus proche de Mabhouh», a-t-il ajouté dans Al-Ittihad, estimant que l'auteur des fuites est le «vrai» responsable du meurtre. Dubaï détient deux suspects palestiniens. «De forts soupçons» pèsent sur l'un des deux hommes qui a «rencontré un membre du commando», avant le crime alors que l'autre a été arrêté en raison de ses liens avec le premier, avait indiqué M.Khalfan. La presse israélienne a laissé entendre que le Mossad était bien responsable de l'élimination de Mabhouh, et le ministre de l'Industrie Binyamin Ben Eliezer a confirmé hier que les opérations du service de renseignement dépendaient du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.