Loin du vacarme du chef-lieu de wilaya et du brouhaha estival du littoral, Amizour, ville de l'intérieur, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Béjaïa, accorde son violon avec la fin de la saison estivale en proposant du 4e art sur les planches de son centre culturel Malek Bouguermouh (CCMB). Dans sa dixième édition, financée en grande partie par l'APC d'Amizour et une banque publique, en plus de la direction des œuvres universitaire (DOU) d'El Kseur, qui a fourni l'hébergement aux 235 participants dans la résidence du nouveau campus d'Amizour, l'engouement des amateurs et des spectateurs est remarquable. Il y a d'abord l'augmentation du nombre de troupes et de wilayas participantes. D'après le commissaire du festival, Abdi Lyazid, directeur du CCMB d'Amizour, Azifas, de son nom d'artiste, «contrairement à ce qui se fait dans les autres wilayas, ici, nous n'imposons aucun protocole aux troupes théâtrales. Elles sont libres dans le choix de la thématique qui tourne autour des sujets de société, d'identité… Cette liberté les met très à l'aise». Selon lui, cette édition compte 17 troupes, dont 15 participent au concours du prix Malek Bouguermouh. Elles viennent de Sétif, Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira, Blida, Adrar, GhardaïaOran, Msila…. A entendre l'organisateur, c'est plutôt un festival national du 4e art qu'accueille Amizour. Mais pour qu'il y ait cette appellation, les pouvoirs publics doivent évaluer le rôle de ce festival, son impact -absolument positif- sur la société et la vie des habitants de la région afin de l'institutionnaliser. L'institutionnalisation du FTAA est d'ailleurs la principale revendication des organisateurs, qui ne manquent pas d'énumérer les difficultés relatives aux financements. «Concrètement, il n'y a que l'APC d'Amizour, qui a déboursé pas moins de 800 000 DA au profit du festival, et une banque publique qui nous ont appuyé immédiatement. Nous attendons à ce jour les contributions de la wilaya, de l'APW et des autres organismes publics que nous avons sollicités et qui se sont manifestés favorablement vis-à-vis de cette activité», déclare Abdi Lyazid. L'autre indicateur de la réussite et de l'attractivité de cet événement est l'affluence du public vers les différents sites où se tiennent les représentations, que ce soit au centre culturel d'Amizour, au campus de la même ville, à Barbacha ou au Théâtre régional de Béjaïa. Ils sont entre 400 et 500 spectateurs à avoir exprimé un intérêt pour le 4e art en se déplaçant en salle. Cette 10e édition a été dédiée exceptionnellement à Riad Ouaret, un jeune comédien de 37 ans, décédé d'une longue maladie il y a quatre mois. Enfant de la région, le défunt artiste a laissé derrière lui une veuve et deux enfants. Outre les hommages rendus aux artistes locaux, la manifestation contribue, chose constatée, à redynamiser le commerce un tant soit peu, à orienter l'activité touristique vers la montage comme cela se fera le jour de la clôture, où une excursion est programmée vers Adekar et le Lac noir, une superbe étendue d'eau qui se trouve au milieu de la forêt d'Akfadou. Le programme de cette année a été enrichi par d'autres activités, comme des expositions de tableaux de peinture, d'objets traditionnels, de livres ainsi que des spectacles de chant et DJ. Les 15 troupes théâtrales seront évaluées par un jury composé de spécialistes dans le domaine et qui compte des universitaires et des comédiens d'expérience. Les troupes seront notées sur la qualité du texte, de la mise en scène et de l'interprétation. Jeudi est programmée comme journée du baisser du rideau, où, afin d'encourager la production théâtrale, les organisateurs offriront la somme de 250 000 dinars au titre des prix à remettre au nom du dramaturge algérien Malek Bouguermouh.