A ce rythme, il ne lui reste plus que deux ans à vivre ! C'est du moins ce qu'affirme une analyse exclusive de l'organisation de protection de la nature, WWF, quant à l'espérance de vie du thon rouge. 2012 est donc l'année qui verra la disparition du thon si aucune mesure d'interdiction de pêche n'est prise d'ici là. Des mesures draconiennes doivent laisser le temps au poisson de se régénérer afin de reconstituer une population suffisante. Différents acteurs sont à pied d'œuvre pour promouvoir sa survie, tel le Parlement européen qui tend à en interdire le commerce. La France vient d'ailleurs de l'annoncer : elle plaidera à Doha, au Qatar, lors de la réunion des 175 pays membres de la Convention de Washington, pour l'interdiction du commerce international du thon rouge. Cette réunion, prévue du 13 au 25 mars prochain, sera l'occasion pour tous les signataires de la Convention de Washington qui, rappelons-le, tend à protéger les espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, de prendre les mesures qui s'imposent en vue de protéger le thon rouge d'une extinction imminente. Et le thon « algérien » ? L'Algérie a signifié son adhésion à la Convention de Washington (Cites) en février 1984. Elle fait donc partie des 175 pays membres de la Convention devant se réunir prochainement au Qatar. Mais elle est également membre des 47 pays formant l'ICCAT ou CICTA, qui a décidé, en novembre 2009, de diminuer d'un tiers les quotas de pêche du thon. Quelle conséquence peut avoir l'interdiction du commerce du thon rouge sur l'Algérie ? L'Algérie, qui concédait une partie de son quota aux pêcheurs turcs ou japonais, assurait ainsi un substantiel revenu dont le marché algérien n'aurait pu tirer bénéfice. En effet, l'Algérie dispose de peu de thoniers malgré le programme de relance économique initié par le ministère des Ressources halieutiques dans l'objectif d'aider à l'achat de thoniers par des investisseurs algériens. La pêche au thon est un marché juteux et les Japonais, qui consomment 80% du thon rouge pêché en Méditerranée, sont d'ailleurs réticents à une interdiction du commerce internationale. L'année dernière déjà, l'Algérie, qui disposait d'un quota de 800 tonnes, s'est vue mêlée à une affaire de pêche illicite de 210 tonnes de thon rouge dans ses eaux territoriales. L'infraction, qui avait été commise par des remorqueurs turcs et un navire algérien, a fait l'objet d'une enquête. Doit-on craindre que la prochaine interdiction de commerce du fameux poisson ne risque, au contraire, d'attiser la gourmandise des braconniers de la mer ? N'est-ce pas déjà le cas pour le corail dont la pêche est frappée d'interdiction mais qui fait l'objet dont un échange mafieux entre l'est du pays, la Tunisie et l'Italie ? « Une commission de travail intersectorielle est sur le dossier », nous apprend la cellule de communication du ministère quant à la prise de position de l'Algérie suite à l'interdiction de commerce du thon rouge. Et on n'en saura pas plus. Le ministère des Ressources halieutiques planche dessus Quand pourra-t-on connaître les résultats de la réunion ? Comment venir en aide aux 10 à 15 bénéficiaires de la relance économique qui ont investi dans l'achat de thoniers ? Comment vont-ils subir l'interdiction internationale de commerce ? Comment éviter les spéculations et le braconnage du thon ? Des questions qui restent sans réponse, mais qu'on nous assure prises en charge par la tutelle.