Malgré les doutes quant à l'état du stock, surexploité et menacé d'écroulement, la pêche au thon rouge continuera en 2010. Après 10 jours de discussion au Brésil entre les Etats membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), le quota retenu est de 13 500 tonnes. La Cicta a annoncé en effet que le quota de la pêche au thon rouge passera de 22 000 tonnes en 2009 à 13 500 tonnes en 2010. Les quotas négociés au sein de la Cicta, adoptés par consensus entre les Etats, sont toujours supérieurs aux recommandations du comité scientifique de l'organisation et sont, en outre, systématiquement dépassés. En 2007, les prises réelles ont atteint 60 000 tonnes, contre 34 000 déclarées. Cependant, pour les organisations écologistes, la mesure demeure insuffisante dans la mesure où le thon rouge est plus que jamais un poisson en voie d'extinction. Par ailleurs, d'après la Commission européenne, la saison de pêche pour les thoniers senneurs (bateaux de pêche industrielle) sera désormais réduite à un mois, du 15 mai au 15 juin, non négociable même en cas de mauvais temps. Les pays de la Cicta ont également déclaré vouloir s'attaquer à la surcapacité de leurs flottes de pêche, avec un objectif de réduction de moitié d'ici 2011. Dernier point, les pays de la Cicta s'autorisent à suspendre la pêche au thon rouge si de nouveaux éléments scientifiques l'exigent au cours de l'année 2010. A l'annonce de cette mesure, personne n'est satisfait à vrai dire. Certains la considère comme une "belle claque"et déplorent la remise en cause de la rentabilité de certaines entreprises à l'avenir. Les associations de protection de l'environnement, quant à elles, qui souhaitaient un moratoire, sont exaspérées. En prenant cette décision jugée inefficace, Greenpeace en vient à annoncer la condamnation de l'espèce. Deux organisations de défense de la nature ont dénoncé des captures illégales de jeunes thons rouges en Méditerranée qui, selon elles, mettent en danger la pérennité de l'espèce et réclament la fermeture temporaire de cette pêche. Greenpeace et WWF qui se basent sur une étude menée en 2009 par des experts indépendants de la société ATRT, se déclarent dans un communiqué "préoccupés par le très haut pourcentage de pêche de jeunes thons rouges, de taille inférieure à celle légale permise en Méditerranée". Ces thons sont ensuite relâchés dans des fermes aquacoles --de vastes nasses placées en pleine mer-- où ils sont engraissés avant d'être vendus, le plus souvent au Japon pour être consommés crus sous forme de sushi. Toutes les données signalent le risque imminent d'effondrement de cette espèce en Méditerranée, affirme dans le communiqué Greenpeace. A ce niveau, la fermeture de la pêche et la protection des zones de reproduction sont les seules solutions, jusqu'à ce que l'espèce donne des signes évidents de récupération, poursuit l'ONG. Les deux ONG demandent à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT), actuellement réunie près de Recife (nord-est du Brésil), "l'adoption de mesures extraordinaires". Selon l'étude citée par les deux ONG, 46% des thons rouges pêchés entre juillet 2008 et mai 2009 par les pêcheries espagnoles étaient de jeunes poissons qui n'avaient pas encore pu se reproduire. Entre 8,4% et 21,1% du thon rouge engraissé en Méditerranée et vendu frais au Japon provient de captures illégales de jeunes poissons, affirment les deux organisations. Les scientifiques ont estimé en octobre qu'il ne reste que 15% de la population originale de thon rouge et ces nouvelles données montrent que la pêche continue sans contrôle", a déclaré WWF. Il réclame la "fermeture temporaire" de la pêche et l'interdiction de son commerce au niveau international. Dalila B.