Un mois avant l'ouverture de la saison de pêche pour le thon rouge de Méditerranée, le Fonds mondial pour la nature (WWF, World Wildlife Fund) demande à l'Union européenne de réduire ses quotas de moitié sous peine de voir les stocks s'effondrer. "Il faut immédiatement fermer la pêche au thon en Méditerranée dans l'attente d'une réforme de la gestion de cette ressource ", a conclu le rapport du WWF qui menace, dans le cas contraire, d'appeler négociants et consommateurs du Japon et des Etats-Unis à cesser tout achat de thon rouge provenant de cette zone de pêche. Le rapport disponible depuis quelque temps sur le web est ficelé et très bien documenté. Les affirmations et conclusions reposent sur cinq études, qui ont analysé et comparé sur 2004 et 2005 les données commerciales des pays exportateurs et importateurs, les chiffres officiels des captures de thon rouge et les estimations des INN (illégales, non déclarées, non réglementées) et celles fournies par les principales flottes de senneurs (thoniers qui utilisent un filet comme piège). Ainsi, selon la même source, les quotas alloués pour cette année dépassent largement les recommandations des scientifiques si on souhaite éviter l'affaissement des stocks de thon en Méditerranée. L'organisation mondiale pour la protection de la nature demande à l'UE de les prendre en compte et de réduire ses quotas de moitié pour aider à la conservation du thon rouge. Le nouveau rapport du WWF appelé " Mediterranean bluefin tuna - the consequences of collapse ", met en lumière les conséquences probables de la disparition d'un des grands prédateurs des océans. Elle peut par exemple, entraîner une forte augmentation des encornets, qui se nourrissent de sardines. L'effondrement de la population de sardines aurait des conséquences catastrophiques pour les pêcheries de Méditerranée. L'UE peut encore choisir de ne pas aggraver la situation, de ne pas mener le thon à sa perte. " La gestion des pêcheries en Europe doit prendre une nouvelle orientation. Permettre la survie au thon rouge en est le point de départ ", note-t-on. L'UE est responsable de la fixation des quotas globaux pour l'Europe. La majorité des prises est répartie entre la France, l'Espagne et l'Italie. Si les membres de l'Union réduisent leur quota pour préserver le stock de thon en Méditerranée, les autres nations pratiquant la pêche seront encouragées à suivre leur exemple et la menace d'effondrement sera momentanément éloignée. Les scientifiques insistent sur les conséquences économiques d'un affaissement des stocks: " Ce sont les pêcheurs de thon traditionnels qui souffriront le plus des impacts directs. Les gros bateaux iront pêcher d'autres espèces dans d'autres océans. " Le WWF appelle les grossistes et détaillants à soutenir sa demande à l'UE et s'adresse aux compagnies qui tirent profit du thon rouge de Méditerranée, considéré comme le meilleur sushi au monde, pour leur demander de ne pas acheter leurs produits à des pays qui refusent de réduire leur quota. Le conseil européen de la pêche se réunira les 16 et 17 avril en cours. Le WWF demande au conseil de réduire les quotas octroyés de moitié, de clôturer la saison de pêche en juin afin de protéger les mois de reproduction, et de rester hors des eaux libyennes qui ne sont pas régulées et offrent un dernier refuge pour la naissance des poissons.