Les Etats réunis à Marrakech pour un traité international sur la conservation des thonidés ont décidé, la semaine dernière, de réduire la pêche au thon rouge de 30 % d'ici 2010, ont annoncé des responsables de l'Union européenne (UE). Le thon rouge, très prisé, notamment dans l'élaboration des sushis, est une espèce menacée en raison de la surpêche dont il fait l'objet depuis des années. La Commission européenne a précisé que le quota de pêche serait réduit à 19 950 tonnes en 2010, contre plus de 28 000 tonnes cette année. Cet accord est jugé insuffisant par les organisations de défense de l'environnement. L'Organisation mondiale de protection de l'environnement (WWF) a reproché aux pays membres de ne pas avoir suivi l'avis des scientifiques de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat), réunis à Marrakech, qui recommandaient d'abaisser le quota à 15 000 tonnes par an pour éviter l'extinction de l'espèce. "Ce n'est pas un accord, c'est une honte", a déclaré Sergi Tudela, responsable du programme des pêches en Méditerranée au WWF. Selon l'ONG, l'UE a inspiré l'accord avec le soutien du Japon et des pays d'Afrique du Nord. La Commission européenne, elle, s'est réjouie que la période de pêche autorisée ait été réduite de quatre mois. Les défenseurs de l'environnement souhaitaient inclure dans l'accord une interdiction totale de pêche durant la ponte des œufs, en mai et en juin, période où la pêche est la plus intense. Greenpeace a qualifié l'accord de "désastre". Néanmoins, l'événement majeur reste le ralliement, pour la première fois, des Espagnols et des Japonais à une majorité d'autres pays afin de proposer la fermeture de la pêche au thon rouge en Méditerranée. Le Fonds mondial pour la nature a salué cette "avancée historique".L'Espagne est un des premiers pays pêcheurs de thon rouge et le marché japonais constitue leur principal débouché. L'Espagne, un des principaux exportateurs, et le Japon (importateur), se seraient ralliés à la proposition, selon un communiqué du Fonds mondial pour la nature . Cette annonce n'est pas anodine, les recommandations étant généralement rapidement mises en application. Sur le terrain, alors que le niveau de capture autorisé était de 29 500 tonnes pour 2007, ce sont dans les faits plus de 60 000 tonnes de thon (selon la commission scientifique de l'Iccat) qui ont été capturées l'année dernière. Cette surpêche menace à courte échéance les stocks de thons méditerranéens, et pourrait aboutir à la disparition de l'espèce dans cette zone comme cela s'est produit dans l'ouest de l'Atlantique. L'interdiction de toute capture, vise à rétablir les populations de thon également menacées par la pêche de poissons juvéniles qui sont ensuite engraissés en bassin d'élevage. Selon les estimations de la FAO, la production annuelle de thon rouge, grâce à cette technique, s'établirait actuellement autour de 25 000 tonnes, soit 10 000 tonnes de plus qu'il y a à peine cinq ans.