L'événement annoncé la semaine dernière et précédé d'une série d'assemblées préparatoires dans le quartier général de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) au quartier Gherbouz s'est déroulé dans le calme depuis le tribunal vers le siège de la wilaya en passant par le commandement du secteur militaire de la wilaya de Ouargla. Brandissant une grande banderole portée par une avant-garde à laquelle s'est joint une soixantaine de militants, le comité des chômeurs a écrit et scandé un seul slogan, le premier du mouvement, à savoir «Lutter jusqu'à l'obtention d'emplois pour les chômeurs». Rappelant que cette marche symbolise «la reconquête de la rue», Tahar Belabes a souligné qu'«El Wassit, le logiciel informatique qui promettait transparence et équité, est un flop, il n'a pas tenu ses promesses». Pour le coordinateur de la CNDDC, «le clientélisme et les passe-droits sont toujours légion et notre objectif est de faire entendre notre voix aux décideurs qui recourent aux mêmes méthodes et aux mêmes commissions pour tenter de régler un problème purement bureaucratique». Encadrée de loin par les services de l'ordre, la marche n'a pas subi d'intervention policière. Elle s'est poursuivie durant une demi-heure, promettant de nouvelles manifestations pacifiques, dont la prochaine se déroulera aujourd'hui à Hassi Messaoud. Elle ciblera les entreprises pétrolières appelées à plus de facilités et moins de conditions coercitives vis-à-vis de la main-d'œuvre d'exécution. Par ce nouvel élan tant sur les réseaux sociaux que dans la rue, les jeunes militants qui s'opposent depuis 14 ans aux partis politiques, «en raison de leur dimension autoritaire et électoraliste», la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs semble avoir définitivement opté pour le militantisme de rue avec une évolution douce et progressive des méthodes de lutte par l'usage des nouvelles technologies, l'internet, l'occupation de places centrales et des médias en général. Ainsi, après avoir épousé la cause du gaz de schiste en 2015, la CNDDC recentre son mouvement sur sa raison d'être, à savoir le chômage et les inégalités sociales. Médiatiser les problèmes du Sud, occuper les réseaux sociaux où le débat semble plus propice, sont les nouvelles formes de lutte des jeunes activistes du Sud pour qui «le fait d'avoir changé le regard des décideurs vers le Sud et que les problèmes de cette région riche et marginalisée ne sont plus un tabou constituent déjà une avancée considérable», pour reprendre Tahar Belabes, figure de proue du mouvement des chômeurs.