Une nouvelle manifestation des chômeurs a été organisée hier à Hassi Messaoud par la Coordination nationale de défense des chômeurs (CNDDC) qui alterne, depuis septembre, son regroupement entre le chef-lieu de la wilaya et la capitale du pétrole. Outre les rassemblements de débat public tenus chaque vendredi à Gherbouz, quartier général de la CNDDC, la principale doléance du mouvement, à savoir un poste de travail décent pour chaque demandeur d'emploi, est rappelé au bon souvenir des autorités de la wilaya ainsi que des entreprises pétrolières. La manifestation de ce dimanche a ciblé le siège de la direction générale de l'Entreprise des travaux aux puits (ENTP) dont les chômeurs ont bloqué le portail principal toute la matinée, arborant des banderoles portant les mentions «Non à l'exclusion», «La lutte pour le travail jusqu'au dernier chômeur». Cette dynamique nouvelle, entamée à la rentrée sociale, n'a pas échappé aux services de sécurité qui surveillent de près les manifestations dont ils encadrent le mouvement pour éviter tout dérapage, notamment devant les édifices publics. Mais l'action des chômeurs a pris une nouvelle tournure ces jours-ci avec l'audition de Tahar Belabes, leader de la CNDDC, par la police judiciaire. Convoqué mercredi dernier, il a été interrogé sur les slogans brandis par la Coordination, sa relation avec les différents mouvements de contestation qui ont secoué les villes du Sud ces dernières années, ainsi que la relation de la CNDDC avec d'autres organisations à l'origine des manifestations de contestation. C'est à l'issue de cette audition de plusieurs heures qu'un communiqué de la CNDDC est venu dénoncer cette nouvelle cabale lancée par la justice à l'encontre des militants du mouvement des chômeurs, notamment avec la convocation de Abdelmalek Ibek et Chebouat Saïd, deux autres militants qui comparaîtront devant les officiers de la police judiciaire d'El Khafdji. Tahar Belabes a notamment été entendu à propos de la question du gaz de schiste dans le Sahara, l'affaire des fuites dues à la séquestration de CO2 au niveau d'In Salah, la loi de finances 2016, l'affaire des erreurs sur les manuels scolaires, ainsi que le dossier de l'emploi. Quoique leurs rencontres restent tolérées et pas du tout réprimées par les forces de l'ordre ces derniers temps, les chômeurs qui se sont progressivement emparé d'autres causes, occupant la sphère publique, animant des rencontres et des manifestations, dénoncent «les intimidations visant à faire taire les seules voix osant contredire dans la rue les politiques du gouvernement». Car, faut-il le souligner, même si au début le mouvement s'est autolimité en récusant toute dimension politique dans ses revendications et en soulignant le caractère exclusivement social de ses requêtes, ces militants jouent sans cesse sur le terrain politique, profitant de l'«effet de surprise» provoqué par l'émergence de mouvements revendicatifs dans le sud du pays pour occuper les médias et les réseaux sociaux.