En février 2011, le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) d'alors, Djamel Bourkaib, écartait publiquement tout déséquilibre financier des caisses. L'explication : «L'une des mesures phares appliquées depuis 2006 est la création d'un Fonds de réserve des retraites financé par la fiscalité pétrolière à hauteur de 2%. Ce fonds dispose actuellement de ressources financières considérables qui ont atteint en 4 ans (2007 à 2013), 130 milliards de dinars, soit 32 milliards par an.» Quatre ans plus tard, c'est-à-dire en mai 2015, le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Tidjani Hassan Haddam, déclarait ne voir «aucun impact négatif des départs massifs en retraite sur l'équilibre financier de la Caisse», précisant : «Jusqu'à présent, la Caisse assure un équilibre financier qui garantit la pérennité et le bon fonctionnement du système de retraite.» Cette assurance, il l'explique par l'apport du Fonds national de réserve des retraites (FNRR) créé depuis 2006 et alimenté par le versement annuel de 3% des recettes de la fiscalité pétrolière. Cependant, ce fonds reste bloqué et ne peut être utilisé qu'en cas de grave crise financière qui empêcherait le paiement des pensions de retraite. «Ce fonds est destiné aux générations futures de retraités. Il n'a jamais été touché», ne cessait de rassurer le directeur général de la Cnas. Pourtant, entre 2014 et 2015, les départs massifs à la retraite ont bel et bien engendré une chute drastique de la trésorerie de la CNR, mettant en danger le paiement des pensions de retraite. Des sources proches de la CNR évaluent le déficit à 600 milliards de dinars. «Il a fallu obliger les autres caisses à verser cette somme. La Cnas a dû décaisser 260 milliards de dinars de sa trésorerie et le reste des 600 milliards de dinars a été versé par la Caisse de chômage, la Cacobat, le Fnpos et la Casnos. Ce qui lui a permis de s'éloigner de la zone rouge durant l'exercice 2015-2016.» D'ailleurs, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a admis que : «n'était la participation des différentes caisses qui viennent à chaque fois à sa rescousse, la CNR aurait connu une situation regrettable». Mais qu'en sera-t-il pour l'année 2017, sachant que la situation financière des autres caisses n'est pas aussi reluisante ? Le 17 septembre dernier, Mohamed El Ghazi reconnaissait à demi-mot les difficultés financières de la CNR en disant : «L'annulation de la retraite anticipée n'est pas due à la chute du prix du pétrole, mais plutôt pour maintenir l'équilibre financier de la CNR et sauvegarder les acquis (sociaux) du système de retraite en Algérie qui est le meilleur au monde.» Or, tous les experts sont unanimes à dire que «le dispositif de retraite anticipée n'a pas d'incidence sur l'équilibre financier de la CNR, étant donné que le départ avant 32 ans de service est accordé après concertation avec l'employeur, qui doit accepter de payer les cotisations des années restantes pour permettre à l'employé d'être mis à la retraite. En fin de compte, la caisse ne subit aucun préjudice. Le plus gros contingent de départs à la retraite a touché la retraite proportionnelle.» «Pourquoi donc présenter l'annulation de la retraite anticipée comme une solution pour rééquilibrer la trésorerie de la CNR ?» lance un syndicaliste spécialisé dans le système de retraite.