Les terres agricoles de la wilaya de Mila se rétrécissent comme une peau de chagrin à cause de la multiplication des actes de détournement de ce foncier au profit de projets urbanistiques ou industriels. Pas une seule commune n'est épargnée par le déplorable phénomène qui touche tant les terres privées qu'étatique. Des plaines entières, réputées autrefois pour la qualité de leurs terres, servent actuellement d'assiettes foncières à des projets immobiliers ou économiques, au vu et au su des autorités. En effet, le silence complice des élus, de la DSA, de l' Office national des terres agricoles (ONTA) a ouvert la porte à la prédation, au bradage et au détournement du patrimoine agricole de la wilaya. Dans le sud de la région, à titre d'illustration, des milliers d'hectares de terres arables sont transformés en projets immobiliers ou industriels. C'est le cas des terres des communes de Telaghma, de Chelghoum Laid et de Tadjenanet, où des étendues agricoles ont été clôturées par des murs en parpaing pour servir, par la suite, d'assises à des projets d'une tout autre nature. Mais si le problème atteint son apogée dans ces localités du sud de la wilaya, celles du nord n'en sont nullement épargnées. Un document récent filmé par les services de la DSA montre, en effet, que le phénomène du détournement du foncier agricole touche pratiquement l'ensemble des 32 communes de la wilaya. Profitant du laxisme, de l'incompétence et parfois de la complicité des responsables du secteur agricole et des élus municipaux, les prédateurs continuent leur pillage sans être inquiétés le moins du monde. Le wali de Mila reconnaît publiquement que le foncier agricole est en danger et que la situation est grave. «La sonnette d'alarme est tirée, désormais l'Etat sévira par la force de la loi. Aucune parcelle agricole ne sera plus déclassée pour servir à des projets urbanistiques ou industriels. Basta !» a-t-il dit, mardi, lors d'une rencontre consacrée à cette épineuse question. Il a, par ailleurs, pointé du doigt certains chefs d'APC, les accusant de complicité active dans certains actes de détournement de terres. «Parfois le mal vient de l'intérieur des institutions de l'Etat. Il existe des élus corrompus ou ingrats qui utilisent leur pouvoir pour détourner des terres à leur propre profit ou aider à ce détournement.» La situation est telle que les terres dégagées au profit des zones industrielles ne sont pas ménagées. Le wali constate, avec consternation, que des assiettes foncières de la l'ancienne zone industrielle de la ville de Chelghoum Laid ont été détournées à d'autres fins et appelle l'Office national des terres agricoles a ouvrir une enquête pour déterminer l'ampleur du phénomène. «L'ONTA doit faire son travail de protection des terres et ouvrir une enquête approfondie pour débusquer tous les prédateurs du foncier agricole», a-t-il clamé.