Le bureau fédéral a pris cette décision à l'issue de la réunion tenue jeudi. Cette sanction est totalement disproportionnée avec la faute reprochée à l'arbitre, elle ne repose sur aucun argument règlementaire puisqu'il s'agit d'une appréciation. L'arbitre Redouane Necib a accordé un penalty à l'USM Alger que les responsables de la JS Kabylie ont vivement contesté. Ce droit leur est conféré par les règlements sans pour autant qu'il y ait matière à briser la carrière d'un arbitre, qui plus est international. Dans le cas présent, il s'agit d'une faute d'appréciation pour laquelle l'arbitre est protégé par le règlement. On peut admettre qu'il ne soit pas désigné lors d'une journée, deux, voire trois, mais pas aussi radicalement que vient de le dicter le bureau fédéral. Si l'arbitre sanctionné décide d'introduire des recours auprès des instances qui rendent la vraie justice, il obtiendra gain de cause. La suspension de Redouane Necib pue l'arbitraire. Les bourreaux qui ont signé l'arrêt de mort de Necib, comme arbitre, ont-ils lu une seule fois la loi 5 du «Règlement de l'arbitre» dans sa nouvelle mouture, plus particulièrement les 94 modifications, dont l'une énonce : «L'arbitre prend des décisions au mieux de ses capacités conformément aux lois du jeu et de l'esprit du jeu. Les décisions arbitrales reposent sur l'opinion de l'arbitre qui décide de prendre les mesures appropriées dans le cadre des lois du jeu.» L'extrême sévérité de la sanction est un point noir de plus à inscrire au crédit d'un bureau fédéral à la ramasse, pas du tout à la hauteur des grands enjeux du football et qui prête sa voix à toutes les dérives. Il a couvert le forfait et a sacrifié Necib sur l'autel de sordides intérêts qui unissent les génies du mal du football algérien. La CFA a-t-elle adressé un rapport au BF ? Pour preuve, Redouane Necib a été auditionné mercredi par deux membres de la Commission fédérale des arbitres (CFA), Toufik Mazari et Rachid Belhaoua. Ils lui ont demandé de fournir des explications sur sa décision d'accorder un penalty à l'USMA. Sur la table, il y avait le rapport de l'évaluateur de la rencontre USMA-JSK, El Hadi Sreir. Normalement, la procédure à suivre était la suivante : les deux membres de la commission rédigent un rapport et le transmettent à la CFA, qui tranche. S'agissant d'une appréciation — c'est le cas — il est fort douteux que la CFA sanctionne lourdement Necib. Pourquoi le bureau fédéral s'est-il autosaisi du dossier ? Il ne dispose d'aucune compétence pour traiter une faute d'appréciation. Le bureau fédéral a lui-même adopté le Règlement de l'arbitre qui accrédite la faute d'appréciation. C'est encore plus grave s'il a pris la décision de sanctionner Redouane Necib. En l'absence d'un rapport préalable, circonstancié de la CFA. Le bureau fédéral a outrepassé ses prérogatives et le président de la fédération a donné sa caution, si ce n'est pas lui qui a décidé de sanctionner Redouane Necib pour les raisons que lui seul connaît. Savent-ils, le président de la FAF et les membres du bureau fédéral, que la faute la plus grave (faute technique) est sanctionnée de 6 mois et pas plus ? Malheureusement, dans le football algérien, l'arbitraire est érigé en règle d'or. Tout cela avec la complicité bienveillante de nombreux acteurs et segments du football. Bien sûr, les actuels responsables de l'arbitrage, à leur tête Khellil Hamoum, président de la CFA, ne broncheront pas. Ils cautionneront le forfait, le couvriront s'il le faut pour rester dans le circuit très lucratif de l'arbitrage. Pis encore, des membres de la CFA ont été informés mercredi soir, par Hamoum, que Necib sera suspendu jusqu'à la fin de la phase aller. Mais le lendemain, le BF de la FAF annonce une suspension plus conséquente, en décidant de le mettre à l'arrêt jusqu'en fin de saison. Il est à se demander si Hamoum a été associé ou non à cette décision qui le concerne, ou du moins informé de la sanction, en étant à la tête de la CFA. Les faméliques associations d'arbitres caporalisées ne souffleront mot sur cette hogra, occupées qu'elles sont à faire courbettes et allégeance aux maîtres du moment. Le salut des arbitres ne viendra que d'eux-mêmes. Que de Necib ont été broyés par la machine infernale du bureau fédéral et d'hommes sans scrupules qui vendraient leur âme au diable, pourvu seulement qu'ils soient où ils sont.