Le procès en appel de Benyoucef Mellouk, l'homme par qui le scandale des magistrats faussaires est arrivé, a été renvoyé hier au 8 mars prochain. Un renvoi décidé en raison de l'absence à l'audience des deux plaignants, les anciens ministres de l'Intérieur, Mostefa Mohammedi, et des Moudjahidine, Mohamed Djeraba, ainsi que leurs avocats. C'est dans une salle pleine de personnes venues le soutenir que Mellouk a été appelé à la barre. A peine la présidente a prononcé son nom, elle a demandé après la partie civile, représentée par les plaignants. Leur absence de l'audience est vite prise comme argument pour fermer le dossier et renvoyer le jugement au 8 mars prochain. La déception était grande pour Mostefa Mellouk. Il voulait à tout prix en finir avec « cette cabale judiciaire » qui dure depuis 18 ans. Il attendait avec impatience le procès pour étaler au grand public les pièces à conviction du scandale des magistrats faussaires et qu'il traîne avec lui dans toutes les rédactions, pour les montrer aux personnalités et hauts responsables qui veulent bien l'entendre. Accompagné de sa fille, Mellouk a exprimé sa vive émotion à la vue de ces nombreuses personnes venues l'encourager et le soutenir dans cette rude épreuve. Parmi elles, l'ancien cadre des douanes, Abdelkader Souhabi, qui avait fait éclater l'affaire des D15, avant de faire face à une traversée du désert de plusieurs années. Il y avait aussi des militants des droits de l'homme et d'anciens moudjahidine, à l'image de Fattouma Ouzgane, une icône de la Révolution mais aussi de nombreux anonymes qui ont fait le déplacement jusqu'à la cour d'Alger. Tous ont rendu hommage à Mellouk et à son avocat, Me Mokrane Aït Larbi, un des rares avocats à avoir accepté de prendre en charge l'affaire à titre gracieux. Celle-ci, faut-il le rappeler, est revenue à la cour à la suite d'un pourvoi introduit auprès de la Cour suprême par Mellouk, après la confirmation par la cour d'Alger, à l'issue d'un simulacre de procès, tenu en l'absence des prévenus, d'une condamnation de 4 mois de prison ferme, prononcée en première instance. Les plaignants ont déposé une plainte pour diffamation en 1999, soit 9 ans après l'ouverture du dossier des magistrats faussaires par le prévenu. Ce dernier a cité les noms de leurs proches sur la liste documentée des falsificateurs. Le procès du 8 mars prochain va faire rebondir l'affaire, d'autant que l'infatigable Mellouk compte encore une fois mettre à la disposition de la justice les résultats documentés de l'enquête qu'il a menée, à la demande de ses responsables hiérarchiques alors qu'il était fonctionnaire de la justice en 1992. Allons-nous enfin connaître la vérité sur ceux qui ont falsifié l'histoire de ce pays ?