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«Il faut apprendre à voir le génie de ces jeunes, leurs talents cachés, au lieu de les surveiller»
Publié dans El Watan le 09 - 11 - 2016

Tony nous reçoit dans son antre nichée dans un vieil immeuble de Western Avenue, dans un décor cosy et chaleureux. Fervent supporter de Bernie Sanders, notre hôte ne cache pas sa déception de voir son candidat favori «éjecté» de la course à la Maison-Blanche au profit d'Hillary Clinton dans le camp démocrate.
«Elle porte la responsabilité de ce qui se passe en Libye sur ses épaules», lâche-t-il.
Sur un mur de la salle d'accueil, ces mots érigés en devise : «Everyday is a gift», chaque jour est un cadeau. On apprendra que le mot «gift», qui revêt aussi le sens de don et de talent, est au cœur de la démarche de Tony Lore.
Alors qu'il était à la tête d'un business florissant, M. Lore a tout plaqué pour fonder en 2001 ce centre d'aide à la jeunesse vulnérable de Los Angeles. Datashow à l'appui, il passe en revue les activités de l'association qu'il dirige. Les images mettent en évidence la transformation miraculeuse de jeunes pousses rescapées de l'enfer des bas-fonds de L.A. Petite friandise en guise de bonus : le slideshow est ponctué de poèmes soufis de Hafiz et Rûmi.
«Quand on a commencé il y a 16 ans, on a été dans les écoles pour proposer d'aider les enfants qui ont des problèmes et on les invitait à suivre notre programme. Au début, les gens se montraient sceptiques. Aujourd'hui, on a tout le temps quelqu'un qui vient frapper à notre porte», raconte Tony. Il cite en passant de nombreux cas d'adolescents qui étaient à la dérive et que le programme a sensiblement aidés à changer de cap. «Nous avons reçu un gars qui avait crée son propre gang.
Il nous a été recommandé par un de ses amis, on l'a pris en charge et on a réussi à démanteler le gang», témoigne le directeur de YMC. «On a eu un autre jeune qui était membre d'un gang, et qui est devenu patron d'une entreprise d'engineering.» Tony rapporte aussi le cas d'enfants exposés aux aléas et aux violences de la rue, et qu'il a pris sous son aile. « Il y avait une fille qui a été violée, elle est venue nous voir. Elle était dans un sale état. Depuis, elle a fait des études et elle a parfaitement réussi » se félicite l'éducateur passionné.
L'approche que propose Tony Lore, et qu'il présente sous le titre «Innovating mentoring : a gift centred approach» (mentoring innovateur : une approche centrée sur le don), consiste à reconstruire la personnalité de ces jeunes à l'enfance saccagée en commençant d'abord par identifier leurs centres d'intérêt et à détecter leurs compétences inexplorées. A partir de là, l'association va déterminer le profil du mentor qui convient pour chaque adolescent en vue de l'accompagner dans le développement de son potentiel. Youth Mentoring Connection peut compter pour cela sur un réseau étoffé de mentors et de bénévoles, dont certains sont d'anciens bénéficiaires du programme de YMC. A noter que tous les mentors font préalablement l'objet d'une enquête pour s'assurer de leur intégrité morale. De plus, ils reçoivent une formation de quelques jours qui est le plus souvent dispensée par Tony lui-même.
Concrètement, cette relation de mentoring est d'abord structurée par binômes. Chaque jeune est placé sous «l'autorité» bienveillante d'un mentor soigneusement choisi qui sera en quelque sorte son modèle. «Les jeunes et leurs mentors se rencontrent à raison de deux fois par mois. Dans l'intervalle, ils gardent contact par téléphone, par mail ou par facebook», explique Tony.
La relation dure généralement six mois. Le mentor ramène son expérience, son savoir-faire, il prodigue une autre forme d'écoute. Parfois, «il ramène juste de l'amour», lance Tony d'un ton lyrique avant d'enchaîner par cette tirade poétique : «I have fallen in love of someone who hides inside you» (je suis tombé amoureux de quelqu'un qui est caché en toi).
«Même l'élève turbulent a un don quelque part»
Au-delà de la relation initiatique par «jumelage» (pour reprendre la terminologie de YMC) entre le jeune et son mentor, l'association œuvre pour la mise en place d'une communauté à travers laquelle les «jeunes à risque» pourront évoluer dans un climat sain. «Il s'agit de placer ce ‘match' dans une dynamique de groupe structuré qui offre aux jeunes les ressources dont ils ont besoin», argue un document de Youth Mentoring.
Pour Tony Lore, le plus important est de «savoir regarder ces jeunes». Il convoque au passage un mot-clé emprunté à la langue zoulou : «Sawubona», qui signifie «je te vois». «Il faut apprendre à voir le génie de ces jeunes, leurs talents cachés, au lieu de les surveiller», plaide-t-il. «Même l'élève turbulent a un don quelque part. Au lieu de le brimer, je lui dis viens m'aider. Car s'il a réussi à retenir l'attention de ses camarades, c'est qu'il a quelque chose. C'est ce que j'appellerais le ‘don de leadership' (a leadership gift). Je respecte ce trait de caractère chez lui au lieu de le réprimer et je travaille sur ça.»
Dans sa démarche, Tony tient clairement à se démarquer du modèle traditionnel et il ne s'en cache pas. «Dans le modèle traditionnel, tu as l'adulte qui sait tout et l'adolescent qui se braque, qui refuse d'écouter. Dans le modèle que nous proposons, on les associe et on crée une communauté pour eux.»
Au centre, les jeunes participent à divers ateliers qui les aident à développer leur expression : poésie, théâtre, cinéma… Tony projette à notre attention des courts métrages très inspirés réalisés par des cinéastes juniors. «Cela leur permet de trouver leur voie», souligne le philanthrope en indiquant qu'il fait régulièrement visiter à ses ouailles, pour les stimuler, les studios de HBO, Paramount et autre Warner. L'un des ateliers les plus prisés, ajoute-t-il, est celui de la percussion africaine animé par un professionnel, Peter, qui se joint à nous. «On s'inspire des rythmes de l'Afrique de l'Ouest où la musique fait partie intégrante de la société. La culture musicale américaine vient en partie d'Afrique et on ne le reconnaît pas assez», tonne l'ex-entrepreneur.
Comme toutes les organisations de la société civile américaines qui travaillent en direction des «jeunes à risque» (at-risk youth), l'objectif numéro un de Youth Mentoring demeure le maintien des élèves à l'école le plus longtemps possible et la lutte contre le décrochage scolaire. Là-dessus, Tony est formel : YMC a aidé ces jeunes à franchir un palier dans leur existence. Et, en ce qui concerne l'impact du mentorat sur leurs études, les résultats, à l'en croire, sont plus qu'encourageants.
Selon les chiffres avancés par M. Lore, 78% des élèves qui sont passés par Youth Mentoring réussissent à l'école, 66% sont assidus en classe et moins portés sur l'absentéisme scolaire et 70% d'entre eux ont des relations positives avec leurs profs. Par ailleurs, 81% ont amélioré leur relation avec leurs parents, 72% sont moins susceptibles de consommer de la drogue et, last but not least : 90% d'entre eux ont acquis l'estime de soi.
Tony termine sur les images d'un jeune qui souffrait d'obésité, un phénomène très répandu aux Etats-Unis. Il avait une passion secrète pour le surf mais il était complexé par son corps. Il est mis en relation avec un ancien surfer qui le prend sous son aile et devient son mentor. En quelques mois, il est complètement métamorphosé et devient un surfer à succès. «On a des dizaines de jeunes qui nous disent que c'est grâce à Youth Mentoring qu'on a réussi et que sans nous, leur sort aurait été le suicide ou les gangs», pavoise Tony Lore. Le datashow s'arrête sur ces mots de Jalal-Eddine Al Rûmi : «Au-delà des idées du bien-faire et du mal-faire, il y a un champ, je te retrouverai là-bas.»


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