C'est donc à partir du siège parisien de l'Unesco que des représentants du monde associatif, de la communauté estudiantine, d'ONG, de la société civile, des politiques, des universitaires, sociologues, etc., tous impliqués dans la défense de la cause des migrants, ainsi que d'institutions en charge de la gestion des affaires migratoires, issus de l'Hexagone, mais aussi de plusieurs autres pays d'Europe, seront rassemblés autour d'un même objectif : faire admettre à l'opinion publique internationale que cette image n'est désormais plus d'actualité, car ne correspondant pas au profil des migrants d'aujourd'hui. N'est-il pas établi que ceux qui vivent loin des pays où ils sont nés disposent d'importantes ressources. D'abord en termes financiers, comme en témoigne le niveau des transferts de fonds officiels à destination des pays en développement, ceux à revenus élevés y compris, et qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars, puis en termes de capital humain, puisque près d'un tiers des migrants récents dans les pays de l'OCDE sont des diplômés du supérieur, contre moins de 6% en moyenne dans leur pays d'origine. C'est ainsi que l'on apprend de récents rapports distincts, réalisés par l'OCDE et l'Agence française de développement (AFD), que celles et ceux partis tenter leur chance ailleurs sont de plus en plus jeunes (75% ont entre 15 et 64 ans), de plus en plus diplômés. Ils sont même en moyenne plus qualifiés que les personnes nées dans le pays d'accueil : 28% d'entre eux sont titulaires d'un diplôme du supérieur contre 24 % pour les nationaux de l'OCDE. «Les personnes ayant un haut niveau de qualification sont de fait davantage susceptibles d'émigrer que le reste de la population, les diplômés du supérieur étant moins de 6 % dans leur pays d'origine», y est-il noté. Tel que détaillés, le profil socioéconomique et la physionomie mouvante des diasporas font ressortir qu'aux Etats-Unis, par exemple, près d'un immigré africain sur six est un professionnel du secteur de la santé ou de l'éducation, 10 % des immigrés asiatiques sont dans le secteur de l'informatique et 12 % des ressortissants des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord occupent des responsabilités managériales. Mieux : à l'inverse de ce que véhicule plus d'un discours politique européen, dans les diasporas elles-mêmes, le niveau de compétences s'élève, dans la mesure où «les enfants d'immigrés ont fréquemment un niveau d'instruction plus élevé que celui de leurs parents arrivés à un moment où les Etats et les entreprises recrutaient à tour de bras des travailleurs étrangers peu qualifiés, en particulier dans le bâtiment, l'agriculture et l'industrie», y est-il précisé. La migration, un phénomène gagnant-gagnant ? Les initiateurs du regroupement parisien d'aujourd'hui tenteront d'y répondre. En tout cas, le Forim n'a pas attendu cet événement pour dire que l'image que l'on se fait du migrant ne doit plus être ce qu'elle était. Le migrant n'est pas seulement celui qui a fui la guerre, les conflits, la persécution, la misère ou les catastrophes naturelles, mais aussi celui qui a un potentiel, un large éventail de ressources, de mieux en mieux reconnues, susceptibles d'être mobilisées à travers les réseaux internationaux, et ce, dans l'intérêt de tous. En la matière, le Forim est l'un de ceux qui en savent quelque chose : Regroupant des réseaux, des fédérations et des regroupements d'organisations de solidarité internationale issues de l'immigration (OSIM), cette plate-forme où sont également représentées plus de 700 associations intervenant en Afrique subsaharienne, au Maghreb, en Asie du Sud-Est, aux Caraïbes et dans l'océan Indien, est engagée, depuis sa création en 2002, dans des actions d'intégration et de développement dans les pays d'origine. Mieux encore : le Forim s'est récemment adjugé un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc). Fruit de plus de deux ans de travail, ce statut a été obtenu lors de la réunion du comité de coordination et de gestion d'Ecosoc, tenue fin juillet de l'année en cours. Créé en 1946, le Conseil économique et social des Nations unies a la vocation de faire avancer les trois dimensions –économique, sociale et environnementale– du développement durable. C'est un espace unique à partir duquel des débats s'engagent, des idées nouvelles émergent, des partenariats se forgent afin d'arriver à poursuivre un engagement collectif pour un monde meilleur et durable. En effet, se réjouit-on, cette reconnaissance «est le résultat d'un engagement inconditionnel de toutes celles et tous ceux qui, de jour en jour, au sein du Forim, comme au-dehors, sont à l'avant-garde pour défendre et faire avancer le respect des droits humains, économiques, sociaux, et culturels des migrants. Elle est également le message que le combat visant à placer le respect des droits des migrants et la cohérence des politiques au cœur de la gouvernance des migrations doit et va être poursuivi par le Forim et ses membres». Autant dire que du fait de toutes les mutations et évolutions sociales, politiques et économiques de ces dernières années, le rapport migration-développement et le rôle crucial que peuvent jouer les migrants/diasporas aussi bien dans le développement que dans le maintien et la construction de la paix dans le monde n'ont jamais été aussi présents dans l'actualité internationale qu'ils ne le sont aujourd'hui.