Les établissements scolaires des trois paliers primaire, moyen et secondaire, seront paralysés à partir d'aujourd'hui. Insatisfaits des nouvelles mesures relatives à la valorisation du régime indemnitaire des fonctionnaires de l'éducation, les deux principaux syndicats du secteur – l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) – ont décidé de mettre à exécution les menaces formulées dans le préavis de grève d'une semaine reconductible. Un préavis déposé, il y a quelques jours, auprès des instances concernées. En dépit des réunions marathon avec les responsables du ministère de l'Education nationale, les deux syndicats campent sur leurs positions. Hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger, les porte-parole des deux organisations syndicales ont expliqué les raisons de leur colère. Ils ont au préalable dénoncé l'utilisation des médias lourds et autres canaux de communication pour afficher sur la place publique les salaires des enseignants. Ils qualifient cet acte d'« atteinte à leur dignité » et appellent les pouvoirs publics à « divulguer et à décortiquer de la même manière les fiches de paie des travailleurs de tous les secteurs ». Les deux syndicats sont revenus également sur les insuffisances et les ambiguïtés que renferme le nouveau régime indemnitaire. En analysant ces nouvelles augmentations, les deux syndicats font remarquer qu'elles varient exactement entre 3000 et 5000 DA. « Au mois de mars, nous allons avoir un salaire digne d'un enseignant car notre fiche de paie renfermera l'augmentation avec son effet rétroactif à partir de janvier 2008. Mais dès le mois d'avril, les enseignants découvriront la réalité amère en constatant que leur salaire n'a subi qu'un léger changement », a pesté M. Nouar du Cnapest, qui ne manque pas de relever l'ambiguïté du nouveau régime indemnitaire. De l'avis des syndicats, les pouvoirs publics ont sciemment annoncé, en grande pompe, des augmentations « gonflées » qui paraissent largement suffisantes et satisfaisantes aux yeux de l'opinion publique. « Nous avons décortiqué ces augmentations et nous sommes arrivés à la conclusion qu'elles ont été artificiellement grossies », ont noté les conférenciers. Ces derniers observent que la prime de rendement, d'un taux de 40%, est intégrée dans les nouvelles augmentations. Cette prime est perçue tous les six mois, elle est proportionnelle et diffère d'un enseignant à un autre. Si on soustrait cette prime des sommes annoncées, on constate que l'augmentation des autres primes ne dépasse pas les 10% du nouveau salaire de base. Ce qui implique que ces augmentations sont minimes et très loin de ce qui avait été convenu avec le ministère de tutelle, lors des commissions mixtes. « L'enseignant est noté entre 1% et 40%. Personne n'ignore que l'administration ne donne que rarement un 40/40 aux enseignants. Nous ignorons aussi le sort réservé aux deux nouvelles primes, en plus des quatre existantes et sur lesquelles le ministère a donné son accord », lancent les deux syndicats qui ne comprennent pas, en outre, les tergiversations de la tutelle quant à la promulgation du nouveau projet relatif aux œuvres sociales ainsi que celui portant sur la médecine du travail. Les syndicats refusent de renoncer au mouvement de débrayage et ont décidé de saisir le président de la République pour mettre fin à cette situation cacophonique. « Nous allons vers une grève qui perturbera inévitablement la scolarité des élèves. S'il y aura année blanche, c'est à la tutelle d'assumer ses responsabilités. Nous demandons au premier magistrat du pays d'intervenir pour rétablir l'enseignant dans ses droits. Nous avons été longtemps lésés et nous continuons de l'être », ont déploré les syndicats qui persistent et signent qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout.